Près de six ans après son ouverture, le procès de Benjamin Netanyahou continue de fracturer Israël. Poursuivi pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes, le Premier ministre est accusé d’avoir accepté pour 210 000 dollars de cadeaux, cigares, champagne, et d’avoir négocié une couverture médiatique favorable. Il clame pourtant son innocence. Une audience supplémentaire s’est tenue le 1ᵉʳ décembre, sans éclaircie sur un verdict.
Donald Trump a récemment ravivé le débat en appelant à une amnistie. « Pourquoi ne pas l’absoudre ? Les cigares et le champagne, franchement, qui s’en soucie », a-t-il lancé devant le Parlement israélien, déclenchant une tempête politique.
Mais juridiquement, l’équation est plus complexe : la loi israélienne n’autorise une grâce présidentielle qu’après condamnation. Or le chef du Likoud, toujours en procès, n’a pas été reconnu coupable.
Vers la fin de l'ère Netanyahou ?
Le président Isaac Herzog, sollicité pour examiner la possibilité d’une grâce anticipée, a rappelé qu’il ne statuera qu’en fonction « des intérêts de l’État ». Avant toute décision, il doit consulter le ministère de la Justice, le département des grâces et son propre conseiller juridique. Et même en cas de feu vert, la Cour suprême pourrait être amenée à se prononcer.
Le dossier est explosif : un Israélien sur trois soutient la grâce, alors que le pays se prépare aux législatives de 2026, à une commission d’enquête sur le 7-Octobre et gère toujours la guerre à Gaza. Plusieurs figures politiques, dont Yaïr Lapid et Naftali Bennett, offrent une porte de sortie : une grâce en échange de la reconnaissance de culpabilité et du retrait de la vie politique.
Une hypothèse que Netanyahou rejette fermement. À 76 ans, celui qui est le Premier ministre le plus longuement en fonction de l’histoire d’Israël affirme que les poursuites entravent sa capacité à gouverner, mais refuse de se retirer. Le bras de fer judiciaire et politique se poursuit donc, avec un enjeu clair : la possibilité qu’un procès sans fin reconfigure entièrement le paysage politique israélien.