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Israël intensifie ses incursions en Syrie et menace d’élargir ses frappes au Liban

L’opération israélienne à Beit Jinn ravive les tensions entre Israël, la Syrie et le Liban, alors que Washington presse Beyrouth de réduire l’arsenal du Hezbollah. Israël menace désormais d’élargir ses frappes au Liban. Paris, Le Caire et Téhéran tentent d’influer sur un dossier de plus en plus dominé par les États-Unis et Israël.

L’incursion israélienne à Beit Jinn, dans le sud syrien, a ouvert une nouvelle phase d’instabilité au moment même où Israël et Washington fixent au Liban un ultimatum pour accélérer le retrait des armes du Hezbollah. Tel Aviv affirme vouloir contrer des groupes islamistes opérant depuis la zone, certains proches de l’Iran ou affiliés aux Houthis, et accuse Damas de laisser transiter des cargaisons d’armes vers le Hezbollah malgré les saisies régulières de l’armée syrienne.

Cette opération intervient alors que les États-Unis cherchent à relancer un accord syro-israélien et un dialogue entre Damas et les Forces démocratiques syriennes. Israël multiplie les incursions dans le sud syrien pour contrecarrer tout rapprochement syro-américain, quitte à fragmenter durablement la Syrie.

À Beit Jinn, l’épisode pourrait marquer un tournant : une résistance populaire locale a pour la première fois entravé l’opération israélienne, signe que Damas pourrait encourager ce type de riposte indirecte. Mais l’inquiétude monte au Liban : Israël a transmis un avertissement officiel via Washington, menaçant d’élargir ses zones de frappe si Beyrouth ne limite pas l’activité du Hezbollah. Les services libanais redoutent une offensive passant par la Syrie pour atteindre Chebaa ou la Békaa-Ouest, ce qui couperait les routes d’approvisionnement du sud.

La France marginalisée

Sur le plan diplomatique, les pressions internationales s’accentuent. Washington conditionne toute aide au Liban au désarmement du Hezbollah et à des réformes structurelles, une ligne désormais partagée par Riyad et Ankara. À l’inverse, Paris, Le Caire et Téhéran cherchent à préserver leur rôle dans le dossier, alors qu’une réunion tripartite à Paris doit précéder la venue à Beyrouth de l’émissaire américaine Morgan Ortagus. Celle-ci apportera un message d’avertissement, exhortant l’État libanais à accélérer la mise en œuvre des mesures de contrôle au nord du Litani.

En coulisses, la France s’irrite de voir Washington et Israël tenter de marginaliser le mécanisme multilatéral de supervision du cessez-le-feu au profit de négociations directes. Téhéran, affaibli en Syrie mais encore influent au Liban, veut rester dans la partie ; l’Égypte multiplie aussi les médiations pour éviter une escalade. Dans les semaines à venir, la région entre dans une zone de turbulences où pressions, négociations secrètes et opérations ponctuelles, comme celle de Beit Jinn, risquent de se multiplier avant qu’un nouvel équilibre n’émerge.