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En Syrie, la minorité alaouite se mobilise après une nouvelle flambée de violences

La minorité alaouite manifeste massivement après une série de violences et un double meurtre à Zaydal. Des affrontements confessionnels ont éclaté à Homs, révélant une situation sécuritaire très fragile. Observateurs et médias évoquent une possible provocation destinée à attiser les tensions dans une Syrie en pleine recomposition.

Pour la première fois depuis la chute de Bachar el-Assad, des milliers de Syriens ont manifesté sur la côte pour dénoncer les violences visant la minorité alaouite. Depuis mars 2025, celle-ci subit ce que plusieurs intellectuels décrivent comme une « punition collective », après une série de massacres ayant fait plusieurs centaines de morts.

L’OSDH dénombre 1 700 victimes, essentiellement alaouites, tandis qu’une commission d’enquête en recense 1 426 — un chiffre jugé largement sous-estimé par plusieurs spécialistes.

La tension a culminé après le meurtre d’un couple sunnite à Zaydal, présenté par la police comme un acte criminel isolé, mais interprété par les autorités locales comme une tentative d’attiser les divisions confessionnelles. L’attaque a déclenché une expédition punitive menée par des membres de la tribu Bani Khaled contre plusieurs quartiers alaouites de Homs, où des commerces et habitations ont été incendiés avant l’instauration d’un couvre-feu. Malgré l’absence de bilan officiel, des sources communautaires font état de morts et de blessés.

Vers un fédéralisme ?

Face à ces violences, le chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal, a appelé à des manifestations pacifiques. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Lattaquié, Tartous et d’autres villes du littoral, réclamant la fin des exactions et la libération des Alaouites détenus depuis la chute de l'ancien gouvernement. Certains slogans ont évoqué le fédéralisme, signe de la profonde inquiétude d’une communauté qui se juge menacée.

Plusieurs observateurs voient dans le crime de Zaydal une provocation destinée à enflammer les tensions sectaires, possiblement liée à des acteurs régionaux cherchant à peser sur la recomposition du pays, notamment Israël. Pour d’autres, ces événements traduisent surtout la fragilité d’une Syrie fragmentée, où la justice transitionnelle et la reconstruction sont perçues comme les seules voies capables d’éviter un nouveau cycle de violences.