Alors que le cessez-le-feu tient péniblement depuis octobre, la bande de Gaza semble se diriger vers une partition de facto entre une zone sous contrôle israélien et un territoire encore administré par le Hamas. D’après plusieurs sources diplomatiques citées par Reuters, la deuxième phase du plan de paix de Donald Trump, censée instaurer une autorité transitoire et une force multinationale de sécurité, est aujourd’hui gelée.
Sur le terrain, Israël contrôle déjà plus de la moitié de Gaza, notamment Rafah, des portions de Gaza-ville et la majorité des terres agricoles, laissant deux millions de Palestiniens confinés dans des zones en ruines sous l’autorité du Hamas.
70 milliards de dollars uniquement pour la reconstruction
Cette séparation progressive s’accompagne de la construction d’infrastructures israéliennes et d’une « ligne jaune », matérialisée par des blocs de béton qui délimitent les nouvelles zones de sécurité. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou assure qu’il ne souhaite pas réoccuper la bande de Gaza, tout en maintenant une zone tampon destinée à prévenir toute résurgence du Hamas.
L’armée israélienne justifie sa présence prolongée par la nécessité d’empêcher les infiltrations, tandis que le Hamas, réaffirmant son contrôle dans les zones palestiniennes, met en place une police locale et des équipes civiles pour déblayer les ruines.
Le plan américain, censé conduire à la création d’une autorité transitoire internationale et au désarmement du Hamas, est miné par des désaccords profonds : Israël refuse toute implication de l’Autorité palestinienne, soutenue par l’Occident, tandis que les pays arabes et européens refusent d’envoyer des troupes sans perspective politique claire.
L’idée d’un démantèlement supervisé de l’arsenal du Hamas ou d’une reconstruction limitée à la zone israélienne accentue le risque d’une séparation durable entre deux Gaza : l’une pacifiée mais sous surveillance, l’autre isolée et dévastée.
Les diplomates craignent désormais que la « ligne jaune » ne devienne la frontière permanente de Gaza, enterrant la perspective d’un État palestinien unifié. Les coûts de reconstruction, évalués à 70 milliards de dollars, restent sans financement assuré, les pays du Golfe conditionnant leur aide à un retour de l’Autorité palestinienne.
Pendant ce temps, les civils survivent dans des conditions humanitaires catastrophiques, tandis que les familles, partagées entre les zones, redoutent d’être séparées par un nouveau mur.