Le président intérimaire syrien Ahmed al-Chareh entame à Washington une visite historique : la première d’un chef d’État syrien aux États-Unis depuis 1946. Reçu ce 10 novembre par Donald Trump, l’ancien chef djihadiste de Hay’at Tahrir el-Cham consacre une alliance aussi inédite que controversée, quelques jours après son retrait de la liste noire américaine et la levée des sanctions onusiennes.
Le président syrien par intérim s’efforce de transformer son image de militant en homme d’État. Washington, en retour, voit en lui un partenaire stratégique pour stabiliser le pays et contenir le retour de l’État islamique. Un accord d’intégration à la coalition antidjihadiste devrait être signé, accompagné d’un projet d’implantation d’une base américaine près de Damas. Ce probable déploiement militaire vise également à rassurer l'allié israélien des intentions syriennes sur le Golan occupé.
Un pari risqué
Les gestes symboliques se multiplient : une vidéo, diffusée le 8 novembre, montre Ahmed al-Chareh jouant au basket avec le commandant des forces américaines au Moyen-Orient, Brad Cooper. En parallèle, Damas annonce 71 arrestations lors de raids « préventifs » contre des cellules dormantes de l’EI. Pour Washington, cette offensive illustre la « nouvelle Syrie » engagée dans la lutte antiterroriste.
Mais les observateurs restent tout de même prudents : ce rapprochement pourrait légitimer un pouvoir encore instable, contesté par une partie des forces kurdes, par la plupart des minorités mais également par l'Iran, inquiet d’un basculement syrien dans le camp occidental.
Les discussions avec Israël et la possible adhésion aux accords d’Abraham témoignent d’un bouleversement diplomatique majeur au Proche-Orient. Pour Trump, cette rencontre est un pari risqué : faire d’un ex-djihadiste le symbole d’une Syrie « régénérée » et d’une victoire américaine sur le terrorisme.