Jusqu’au mois de mars dernier, les autorités britanniques ont libéré 262 prisonniers par erreur, parmi lesquels au moins quatre sont toujours en fuite, a rapporté la BBC ce 8 novembre. La même source a fait savoir que la veille, la police avait arrêté le dénommé Brahim Kaddour-Cherif, libéré par erreur de la prison de Wandsworth avec un autre codétenu qui s’était rendu aux autorités le 6 novembre.
Brahim Kaddour-Cherif est un ressortissant algérien et il est fiché comme délinquant sexuel, reconnu coupable d'exhibitionnisme en novembre 2024, par les autorités, après un incident survenu en mars de la même année. Il a été aperçu par un passant dans le quartier de Finsbury Park à Londres le matin de son arrestation. Il devait purger une peine de 18 mois de travaux d’intérêt général et a été inscrit au registre des délinquants sexuels pour une durée de cinq ans.
Le gouvernement britannique subit une énorme pression sur fond d'affaires de libérations injustifiées de prisonniers qui ont eu un large écho médiatique. Selon le porte-parole du ministère de la Justice, « la grande majorité des délinquants libérés par erreur sont rapidement ramenés en prison, et nous ferons tout notre possible pour collaborer avec la police afin d'appréhender les quelques-uns qui se trouvent encore dans la communauté ».
Erreur ou incompétence ?
À l’heure actuelle, la gestion du dossier par le gouvernement est sujette à des critiques acerbes. Robert Jenrick, ministre de la Justice du cabinet fantôme, a déclaré que « les prisonniers non comptabilisés révèlent l’incompétence de ce gouvernement ». Il a affirmé qu’il n'incombait pas aux journalistes de faire la lumière sur ce dossier, sommant le ministre de la Justice David Lammy de « dire la vérité sur le nombre de prisonniers libérés par erreur et sur le nombre de ceux qui sont toujours en fuite ».
Pour sa part, Jess Brown-Fuller, la porte-parole des Libéraux-démocrates, a exhorté le gouvernement à user de « tous les moyens » pour retrouver les prisonniers, rapporte la BBC. « C'est une honte et un véritable fiasco. Il ne devrait pas falloir que les médias informent le public que des prisonniers sont en liberté après une libération accidentelle », a-t-elle fustigé.
Crise héritée
David Lammy a attribué la situation actuelle au « système pénitentiaire en crise » hérité du gouvernement précédent et s’est dit « consterné par le nombre de libérations par erreur que cela engendre ». Dans un même contexte, il a indiqué avoir ordonné de nouveaux contrôles stricts avant la libération des prisonniers et commandé une enquête indépendante « sur les défaillances systémiques » et lancé une refonte des « systèmes archaïques sur papier encore utilisés dans certaines prisons ».
Il convient de noter que le système carcéral britannique est en crise depuis plusieurs années avec l’augmentation du nombre de détenus et le manque de personnel pénitencier. Rien que durant l’été dernier, une centaine de places seulement demeuraient disponibles dans les prisons du pays, d’où le programme de libération exceptionnel mis en place par le gouvernement pour libérer près de 40 000 détenus ayant purgé 40 % de leurs peines au lieu de 50 % de temps de réclusion adopté jusque-là. Or, cette procédure a engendré une explosion du nombre de libérations par erreur.