Pour la première fois, un président américain a accueilli à la Maison Blanche les cinq chefs d’État d’Asie centrale – le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan – dans le cadre du sommet C5+1. Lancée en 2015, cette plateforme de dialogue est aujourd’hui réactivée par Washington dans le but d’élargir ses partenariats économiques.
« L’un des sujets les plus importants à l’ordre du jour est celui des minerais critiques », a déclaré Donald Trump. Les États-Unis souhaitent diversifier leurs chaînes d’approvisionnement, actuellement très dépendantes de la Chine, qui traite plus de 90 % des terres rares à l’échelle mondiale.
L’Asie centrale possède d’importantes réserves : uranium, cuivre, or, tungstène, terres rares… Le Kazakhstan est aujourd’hui le premier producteur mondial d’uranium, couvrant près de 40 % de l’offre globale. L’Ouzbékistan figure également parmi les producteurs clés. Ces deux pays assurent ensemble plus de la moitié de la production mondiale de cette ressource essentielle au secteur énergétique et industriel américain.
Des milliards pour renforcer les liens économiques
L’administration Trump a profité du sommet pour annoncer une série de contrats de grande envergure. Le Kazakhstan a conclu 17,2 milliards de dollars d’accords avec des entreprises américaines. Parmi eux, un projet d’exploitation de tungstène par la société américaine Cove Capital.
Mais c’est l’Ouzbékistan qui s’est montré le plus engagé. Son président, Shavkat Mirziyoyev, a annoncé des investissements de 35 milliards de dollars sur trois ans dans des secteurs clés de l’économie américaine, puis plus de 100 milliards sur dix ans. Ces annonces concernent les minerais l’aviation, la production automobile, l’agriculture, l’énergie, les infrastructures, les technologies et la chimie.
À cela s’ajoute une commande de 37 avions Boeing par le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Lors du sommet, Mirziyoyev a salué Trump comme « le président de la paix », affirmant qu’il avait « arrêté huit guerres ».
Une région qui reste tournée vers ses partenaires traditionnels
Ces annonces économiques interviennent dans un contexte de concurrence croissante. Les États-Unis cherchent aujourd’hui à établir une présence plus concrète en Asie centrale, à travers le commerce et les ressources. Toutefois, les relations historiques de la région avec la Russie, tant économiques que culturelles, restent solides.
Plusieurs dirigeants, dont ceux de l’Ouzbékistan et du Turkménistan, se sont adressés à Trump en russe. Ce choix n’est pas anodin : il reflète des liens linguistiques, culturels et humains profonds avec Moscou. De plus, les échanges économiques confirment cette proximité. En 2023, le Kazakhstan a exporté pour plus de 3 milliards de dollars de minerais vers la Chine, 1,8 milliard vers la Russie, contre seulement 544 millions vers les États-Unis.
Si Washington affiche son ambition de renforcer sa présence en Asie centrale, rien ne garantit que ces efforts se traduiront par une influence durable. Les pays de la région, bien qu’ouverts aux opportunités économiques, restent profondément liés à leurs partenaires historiques. La Russie, en particulier, conserve une place importante dans les échanges, les langues et les relations de confiance établies de longue date. Dans ce contexte, les efforts américains apparaissent davantage comme une tentative d’influence que comme un véritable partenariat à long terme.