Treize ans après la rupture des relations diplomatiques entre Ankara et Damas, la Turquie a officiellement nommé Nuh Yilmaz ambassadeur en Syrie, marquant une étape historique dans la normalisation entre les deux pays.
Ancien vice-ministre des Affaires étrangères et spécialiste du dossier syrien, Yilmaz est un diplomate chevronné, fort d’une longue expérience au sein du renseignement turc (MIT) et de liens étroits avec les autorités syriennes. Son profil symbolise la volonté d’Ankara d’allier diplomatie et sécurité dans la reconstruction de son influence régionale.
Depuis 2012, la Turquie, qui soutenait les rebelles opposés à Bachar el-Assad, n’était représentée à Damas que par un chargé d’affaires. Sa nomination parachève donc un rétablissement diplomatique complet, dans un contexte géopolitique profondément transformé.
Un poids lourd de la diplomatie turque
Spécialiste reconnu des questions syriennes, Nuh Yilmaz a dirigé le Comité de coordination technique turco-syrien, en charge des questions de réfugiés, de commerce et d’énergie. Son expérience en matière de renseignement, acquise au MIT pendant la guerre civile syrienne, en fait un acteur-clé pour aborder les enjeux sécuritaires complexes entre les deux pays.
Ankara cherche notamment à obtenir l’intégration des forces kurdes dans l’armée syrienne, à contrer l’influence israélienne dans le Sud du pays et à stabiliser ses frontières. Le nouvel ambassadeur est également chargé de consolider la coopération militaire initiée par un protocole d’accord signé en août entre Ankara et Damas.
Le diplomate dispose par ailleurs d’une solide expérience internationale : ancien directeur du think tank gouvernemental SETA à Washington, il maîtrise les relations turco-américaines et pourrait jouer un rôle central dans la coordination entre Ankara et la Maison Blanche, notamment autour du dossier syrien.
Cette nomination traduit aussi la volonté turque de favoriser le retour des réfugiés syriens et de participer activement à la reconstruction du pays, un marché potentiel de plusieurs centaines de milliards de dollars. Pour Ankara, la présence d’un ambassadeur à Damas est bien plus qu’un geste symbolique : elle incarne la renaissance d’une influence turque au cœur du Levant, entre diplomatie, sécurité et ambitions économiques.