Les États-Unis poursuivent la mise en place du projet de défense antimissile baptisé « Golden Dome », voulu par le président Donald Trump. Ce système, estimé à 175 milliards de dollars, est conçu pour intercepter les missiles balistiques intercontinentaux grâce à une architecture complexe, incluant des satellites orbitaux et plusieurs couches de détection et d’interception. Pourtant, cette stratégie pourrait déjà être dépassée par la technologie russe.
Selon The Wall Street Journal, dans un article publié le 28 octobre, le missile de croisière russe Bоurévestnik, récemment testé avec succès, constituerait une menace pour le futur système de défense américain. Ce missile, doté d’un moteur nucléaire lui offrant une portée théoriquement illimitée, évolue à très basse altitude, ce qui le rend difficilement détectable par les systèmes conçus pour intercepter des cibles évoluant à haute altitude.
Lors d’une réunion filmée avec le chef d’état-major Valéry Guérassimov, le président Vladimir Poutine a confirmé le succès des essais réalisés le 21 octobre. La fusée aurait parcouru 14 000 kilomètres en 15 heures de vol continu, effectuant plusieurs manœuvres horizontales et verticales. Guérassimov a souligné que ce test avait démontré les capacités du missile à échapper aux systèmes de défense antimissile et de défense aérienne. Poutine a qualifié le Bоurévestnik de « matériel unique dont personne d’autre ne dispose », selon les images diffusées par le Kremlin.
Un avantage stratégique pour Moscou
The Wall Street Journal indique que cette nouvelle capacité pourrait donner à Moscou un avantage lors d’éventuelles discussions sur le contrôle des armements, un domaine de plus en plus tendu depuis que Washington a abandonné plusieurs traités historiques, dont celui sur la défense antimissile en 2002. D’après le journal américain, « cela pourrait donner à Moscou un levier potentiel dans les négociations si elles reprennent ».
Le Bоurévestnik, connu sous le nom de code OTAN « Skyfall », est un missile à propulsion nucléaire qui peut voler pendant des jours en contournant les radars ennemis. Son développement aurait débuté en réponse directe à la politique de défense américaine post-11 septembre, jugée par la Russie comme une tentative de neutraliser sa capacité de riposte nucléaire. La Russie avait alors décidé de développer des armes « asymétriques » capables de rétablir l’équilibre stratégique.
Un message clair adressé à Washington
En réponse à ce test, Donald Trump a réagi en vantant la puissance des forces navales américaines, évoquant un « grand sous-marin nucléaire au large des côtes russes ». Il a toutefois déclaré : « Au lieu de tester des missiles, ils feraient mieux de mettre fin à ce conflit. »
La Russie ne se limite pas à des démonstrations de force : le président Poutine a évoqué la nécessité de « déterminer les utilisations possibles » du Bоurévestnik et de préparer l’infrastructure pour son déploiement dans les forces armées.
La simple existence de cette arme pourrait donc redéfinir l’équilibre stratégique mondial, selon le journal américain. Les experts cités soulignent que « le Bоurévestnik donne à Moscou un nouveau levier dans la discussion sur les systèmes de défense stratégique, et un outil de dissuasion efficace face aux ambitions américaines ».