Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a reconnu, dans une interview diffusée sur la chaîne pro-iranienne al-Mayadeen, que les tentatives d’ouverture diplomatique avec Israël n'avaient pas été « fructueuses », tout en soulignant qu’elles avaient permis « d’éviter le pire ».
Ce constat, nuancé, traduit un léger infléchissement de ton pour celui qui s’est imposé comme la figure du camp favorable au désarmement du Hezbollah. Nawaf Salam a rendu hommage à la « résistance libanaise », incluant le Hezbollah et d’autres formations, pour son rôle dans la libération du Sud en 2000, tout en insistant sur la nécessité que « les armes reviennent exclusivement à l’État ».
La pression de Washington
Le Premier ministre a réaffirmé que le Liban devait « poursuivre les voies diplomatiques » et que le désarmement du Hezbollah relevait « d’une exigence libanaise, non d’une pression américaine ou israélienne ». Alors que Washington encourage Beyrouth à entamer des discussions directes avec Tel Aviv sur la délimitation des frontières et la fin des frappes, Nawaf Salam a catégoriquement rejeté cette option, estimant qu’elle ne faisait « pas partie du plan du gouvernement ».
Il a mis en garde contre tout écart à l’accord de Taëf de 1989, qui reste selon lui « la colonne vertébrale de la paix civile », rappelant qu’« il est impossible d’avoir deux armées au sein d’un même pays ».
Selon le plan présenté par l’armée libanaise début septembre, le désarmement des infrastructures du Hezbollah au sud du fleuve Litani devra être achevé d’ici la fin de l’année, marquant une première étape vers le retour du monopole de l’État sur les armes.
L’ancien juge à la Cour internationale de justice a reconnu que, sans la résistance libanaise, « Israël ne se serait jamais retiré du Liban en 2000 », mais a ajouté que « la situation d’aujourd’hui n’est plus la même ». Le Liban, a-t-il précisé, reste attaché à l’Initiative de paix arabe de 2002, qui conditionne toute normalisation à la création d’un État palestinien.
Nawaf Salam a par ailleurs confirmé qu’il maintenait des canaux de communication ouverts avec le Hezbollah, tout en rejetant avec ironie les accusations de « sionisme » portées contre lui par certains partisans du parti chiite, rappelant qu’il fut l’un « des plus farouches opposants à Israël » lorsqu’il siégeait aux Nations unies. Enfin, il a assuré que les législatives se tiendraient « à la date et à l’heure prévues », en mai 2026, sous la supervision d’un gouvernement « neutre et technocratique », garant de la transparence du scrutin.