L’Union européenne a adopté un plan visant à abandonner les importations de gaz russe, a rapporté le site du Conseil européen le 20 octobre. Il y a toutefois des nuances : l’interdiction entrera en vigueur le 1er janvier 2026, avec une période de transition pour les contrats en cours. En particulier, les contrats à court terme conclus avant le 17 juin 2025 pourront rester en vigueur jusqu’au 17 juin 2026, et les contrats à long terme jusqu’au 1er janvier 2028.
Par ailleurs, les contrats en cours pourront être modifiés à des fins opérationnelles soi-disant « strictement définies ». Le communiqué souligne toutefois que ces modifications ne doivent pas entraîner d’augmentation des volumes livrés, à l’exception de certains cas concernant les États membres sans accès à la mer.
Le Conseil de l’UE a également approuvé l’introduction d’une obligation de confirmer l’origine du combustible, ainsi que de « mécanismes supplémentaires de surveillance et d’alerte » afin d’empêcher le gaz russe d’entrer dans l’Union européenne via d’autres pays. Le communiqué indique que cette décision contribuera à la création d’un marché énergétique « durable et indépendant » dans l’Union européenne, tout en préservant la sécurité des approvisionnements.
Entre rupture affichée et réalités du marché
Le plan de sortie des énergies russes, baptisé REPowerEU, a été officialisé par la Commission européenne en juin dernier. Le commissaire européen à l’énergie, Dan Jorgensen, a souligné que cette mesure resterait valable même en cas de fin du conflit en Ukraine, le projet étant présenté non pas comme une sanction, mais comme une nouvelle « norme commerciale ».
Néanmoins, malgré la position officielle de l’UE, les achats de gaz russe ont augmenté en 2025. Selon les données d’Eurostat citées par RIA Novosti, les importations de GNL russe ont dépassé 1 milliard d'euros en mars, soit une hausse de 17 % par rapport à décembre 2024. La France, l’Espagne et la Belgique dominent ces flux énergétiques.
La Hongrie et la Slovaquie se sont activement opposées au projet d’abandon du gaz russe. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjarto, a souligné les risques pour l’économie du pays. Le 16 juin, Budapest et Bratislava ont même bloqué une tentative d’approuver le projet avant la date prévue. En septembre dernier, Szijjarto a accusé les pays de l’UE d’« hypocrisie » pour leurs accusations publiques contre la Hongrie et la Slovaquie, alors qu’eux-mêmes continuent d’importer les mêmes ressources via des intermédiaires, « en secret, de manière détournée, parce que c’est moins cher ».