Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont relancé leurs discussions autour d’un pacte de défense stratégique, rapporte le Financial Times. Interrompues par l’irruption de la guerre à Gaza, ces négociations ont repris dans un contexte diplomatique bouleversé.
Le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) doit se rendre à Washington en novembre pour renouer le dialogue avec l’administration Trump, avec l’ambition d’officialiser cet accord de sécurité lors de sa visite, la première depuis l’affaire de l'assassinat de Jamal Khashoggi en 2018.
En attendant la normalisation
Initialement, ces discussions s’inscrivaient dans le cadre d’une normalisation progressive des relations entre Riyad et Israël, soutenue par les États-Unis. Mais l’offensive israélienne sur Gaza, ayant fait plus de 68 000 morts, a radicalement modifié la position du royaume. MBS accuse désormais Israël de génocide et exige la création d’un État palestinien comme condition incontournable à tout accord de normalisation. Une exigence à laquelle Benjamin Netanyahou s’oppose fermement, fermant de fait la porte à une solution diplomatique rapide.
Si la normalisation est mise de côté pour l’instant, le pacte de défense pourrait suivre une voie indépendante, précise la source du Financial Times. Il pourrait prendre la forme d’un décret exécutif (comme celui signé fin septembre entre les États-Unis et le Qatar, incluant des garanties de sécurité) ou d’un traité formel, plus engageant.
Les États du Golfe, ébranlés par l’offensive israélienne malgré leurs liens sécuritaires étroits avec Washington, cherchent à diversifier leurs alliances. C’est dans ce cadre que Riyad a récemment conclu un accord stratégique de défense mutuelle avec le Pakistan, puissance nucléaire.
Ce repositionnement s’inscrit aussi dans une volonté de ne plus dépendre uniquement de Washington, alors que l’administration Trump est perçue comme instable. Pourtant, les liens restent solides sur le plan militaire et économique : en mai, un contrat d’armement record de 142 milliards de dollars a été signé entre la Maison Blanche et Riyad, soit le double du budget de défense saoudien prévu pour 2024, souligne la même source. Ce pacte pourrait donc sceller à nouveau un partenariat stratégique clé, même si la question palestinienne continue d’enflammer les équilibres régionaux.