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L’or pourrait atteindre 10 000 dollars, prévient le patron de JPMorgan

Alors que l’or bat record sur record et dépasse les 4 200 dollars l’once, Jamie Dimon, PDG de JPMorgan, évoque un scénario où le métal précieux grimperait jusqu’à 10 000 dollars, en raison d’une inflation persistante, d’un affaiblissement du dollar et de tensions géopolitiques croissantes.

Le PDG de JPMorgan, Jamie Dimon, a surpris en annonçant que l’or pourrait « facilement atteindre 5 000, voire 10 000 dollars » dans le contexte économique actuel. Bien qu’il ait toujours été sceptique vis-à-vis de ce type d’investissement, il reconnaît désormais qu’il est « semi-rationnel » d’en détenir une part dans son portefeuille. Ces déclarations ont été faites lors de la conférence Fortune’s Most Powerful Women, à Washington, le 14 octobre, selon Bloomberg.

Dimon a souligné plusieurs facteurs qui renforcent l’attrait de l’or : un endettement public croissant, des tensions géopolitiques, l’incertitude monétaire, une économie américaine fragile et la montée de l’intelligence artificielle. Il a ajouté : « Je ne suis pas acheteur d’or – cela coûte 4 % de le détenir – mais dans un environnement comme celui-ci, il peut aller très haut. »

La flambée de l’or se confirme dans les chiffres. En 2023, le métal s’échangeait en dessous des 2 000 dollars. Aujourd’hui, il dépasse les 4 200, soit une hausse de plus de 100 % en deux ans. Le 9 octobre, il a encore progressé de 0,7 % pour atteindre un nouveau record de 4 243 dollars l’once.

Une inflation durable et des politiques risquées

D’autres responsables chez JPMorgan partagent cette vision. David Kelly, stratégiste en chef chez J.P. Morgan Asset Management, prévoit une hausse de l’inflation aux États-Unis, passant de 2,8 % à 3,5 % d’ici fin 2025. Selon lui, la politique de la Réserve fédérale – qui devrait baisser ses taux d’intérêt à plusieurs reprises – risque d’aggraver la flambée des prix des actifs et de fragiliser davantage le dollar. Il estime que la diversification est essentielle : « Les portefeuilles doivent inclure des actifs alternatifs et internationaux, notamment de l’or, pour se protéger contre l’inflation. »

Ken Griffin, fondateur du fonds Citadel, a également exprimé son inquiétude : « Les investisseurs considèrent désormais l’or comme plus sûr que le dollar américain. » Cette méfiance envers le billet vert découle des incertitudes liées à la politique économique de Donald Trump, revenu au pouvoir en janvier 2025, et de la gestion budgétaire des États-Unis.

Dans une étude récente, Bank of America a révélé que 43 % des gestionnaires de fonds jugent que spéculer sur la hausse de l’or est aujourd’hui la stratégie la plus populaire, devant les actions technologiques américaines. Même Ray Dalio, fondateur de Bridgewater Associates, recommande une allocation stratégique d’environ 15 % en or. Il qualifie le métal de « très bon outil de diversification » en période d’instabilité monétaire mondiale.

Une stratégie de diversification soutenue par JPMorgan

JPMorgan avait initialement fixé un objectif de 3 500 dollars pour l’or en 2025, mais cette prévision a déjà été dépassée. Grace Peters, responsable de la stratégie d’investissement global chez JPMorgan, anticipe désormais une poursuite de la hausse. Elle évoque des achats massifs par les banques centrales des marchés émergents et une demande soutenue dans les secteurs de la joaillerie et de la technologie.

Face à l’érosion du pouvoir d’achat, à l’instabilité des devises et à l’échec de la politique monétaire américaine, l’or retrouve son rôle traditionnel de valeur refuge. Dans une économie dominée par l’endettement, la spéculation et l’ingérence politique, la ruée vers l’or apparaît moins comme une opportunité que comme une réaction logique de protection face à un système en perte de crédibilité.