Face à la montée des menaces sécuritaires, le ministre belge de l’Intérieur, Bernard Quintin (MR), estime que le pays doit désormais mobiliser toutes ses forces, y compris militaires, pour lutter contre le trafic de stupéfiants. « Nous avons besoin maintenant des militaires en rue pour mener la guerre contre le trafic de drogues », affirme-t-il dans un entretien accordé à la presse.
L’annonce intervient dans un climat tendu, après qu’un attentat visant le Premier ministre Bart De Wever (N-VA) a été déjoué à Anvers. Pour le ministre, cet épisode constitue « un wake-up call pour l’opinion publique et le monde politique », rappelant que « la menace terroriste, en l’occurrence islamiste, n’a pas disparu ».
Bernard Quintin plaide pour une « révision du protocole » entre l’Intérieur et la Défense afin de définir le cadre légal du déploiement de militaires aux côtés de la police. Il précise que ces soldats n’auront pas de pouvoirs de police, mais qu’ils joueront un rôle de sécurisation, notamment dans les gares et métros. « Cela permettra de libérer des capacités et de doubler le nombre de patrouilles », explique-t-il, évoquant un premier déploiement aux côtés de la police des chemins de fer.
Le ministre souhaite également que des militaires participent aux opérations « Fipa » (Full Integrated Police Action), ces interventions coup de poing contre les réseaux de narcotrafiquants. « Ils auraient un rôle de sécurisation des lieux dans lesquels la police intervient », précise-t-il. Selon lui, cette présence envoie « un message politique clair : l’État est prêt à mettre sa pleine puissance en œuvre pour assurer la sécurité de ses citoyens ».
Une proposition qui ne fait pas l'unanimité au sein du gouvernement
Le projet suscite toutefois des réticences au sein du gouvernement. Le ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA), estime que l’armée ne doit être déployée qu’en cas de menace exceptionnelle, comme le terrorisme, et non pour des missions structurelles de police. Bernard Quintin lui répond : « Ce n’est pas dans un an que nous avons besoin des militaires, c’est maintenant. »
Le ministre reconnaît par ailleurs le déficit d’effectifs policiers, évalué à 15 %, mais rejette l’idée que le recours aux militaires soit un aveu de faiblesse : « La situation est très grave et nous devons tout mettre en œuvre pour y répondre. »
En parallèle, Bernard Quintin maintient deux chantiers prioritaires : la fusion des zones de police bruxelloises, qu’il juge « nécessaires face à la situation sécuritaire », et la réforme de la norme KUL, qui répartit le financement fédéral entre les zones de police. Il annonce que la modélisation du nouveau système par l’ULB est attendue « pour le début de l’année prochaine ».
« Mon objectif est de revoir l’architecture de sécurité face à la multiplicité des menaces : menace de guerre, menace terroriste, menaces hybrides et crime organisé », conclut-il.