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Gaza : des femmes dénoncent des abus sexuels en échange d’aide humanitaire

Dans la bande de Gaza, plusieurs femmes accusent des travailleurs humanitaires locaux d’exploitation sexuelle et de harcèlement, profitant de la vulnérabilité des populations touchées par la guerre. L’ONU et les ONG locales signalent une hausse inquiétante de ce type d’abus depuis le début du conflit.

Selon une enquête de l’Associated Press, des femmes palestiniennes ont été approchées par des hommes leur promettant nourriture, argent, eau, produits de première nécessité ou emploi en échange de faveurs sexuelles. Six femmes interrogées ont raconté avoir été sollicitées de cette manière, souvent par des agents locaux portant des uniformes avec le logo de l’UNRWA, dans des zones comme Muwasi, déclarée « zone humanitaire » par Israël.

Une veuve de 35 ans a décrit comment un homme lui a demandé son numéro lors de l’enregistrement pour recevoir de l’aide, avant de lui poser des questions à caractère sexuel par téléphone, la menaçant implicitement de représailles si elle refusait. Une autre femme a raconté qu’elle avait obtenu un contrat de six mois avec l’UNRWA après avoir accepté un rapport sexuel avec un agent local. Une troisième a été approchée à deux reprises par le directeur d’un orphelinat, qui lui a proposé des avantages en échange de relations sexuelles.

Les psychologues palestiniens et les organisations de défense des droits des femmes soulignent que la multiplication des sans-abris et la dépendance croissante à l’aide humanitaire ont aggravé la vulnérabilité des femmes. Avant la guerre, les cas d’exploitation sexuelle étaient signalés une ou deux fois par an ; aujourd’hui, leur nombre a fortement augmenté, et certaines victimes sont tombées enceintes à la suite de ces abus.

Le réseau PSEA, auquel l’UNRWA adhère, a enregistré 18 allégations d’abus sexuels liés à la réception d’aide humanitaire à Gaza l’année dernière, toutes impliquant soit le personnel des organisations, soit des personnes associées, telles que des représentants de la communauté ou des entrepreneurs privés. Human Rights Watch rappelle que les crises humanitaires multiplient les risques de violences sexuelles, affectant particulièrement les femmes et les jeunes filles.