Ahmed al-Chareh, ancien combattant d’Al-Qaïda en Irak contre l’invasion américaine de 2003, jadis traqué par Washington avec une prime de 10 millions de dollars, s’apprête à un revirement : neuf mois après son accession à la présidence syrienne, à la suite de la chute d’Assad en décembre 2024, il va rencontrer son homologue américain à New York pour négocier un pacte de sécurité avec Israël.
Ce dialogue, accéléré par Donald Trump en vue d’une victoire diplomatique à l’Assemblée générale de l’ONU, vise à remplacer l’accord de désengagement de 1974, jugé obsolète par Tel Aviv. Le président syrien, au pouvoir fragile, cherche à consolider son régime face à des pressions internes et régionales.
Initialement prévu comme un traité de paix direct avec Netanyahou, le processus a pivoté vers une rencontre Chareh-Trump. Damas espère un allègement rapide des sanctions américaines (loi César), conditionné à une lutte antiterroriste, à une représentation des minorités, à la paix avec Israël et à des enquêtes sur les violations des droits humains. Netanyahou, profitant du statu quo, temporise : progrès lents malgré des avancées rapportées.
Démilitarisation du sud syrien
Washington, de son côté, oscille. L’envoyé américain Tom Barrack pousse au rapprochement, mais des faucons reprochent à Trump de négliger les FDS kurdes. Ce dernier priorise toute avancée, même précaire, pour un « reset » régional. Les attentes divergent toutefois. Israël exige un contrôle de Quneitra et du mont Hermon pour une zone démilitarisée élargie, la destruction des capacités militaires syriennes, la neutralisation des stocks chimiques, des liens avec les communautés locales druzes et le blocage de la contrebande iranienne.
Depuis décembre 2024, le ministre Israël Katz a imposé ces conditions, avec incursions et équipements de milices druzes. En contrepartie, Tel Aviv propose un retrait partiel des territoires occupés et une division tripartite de la zone tampon, tout en gardant un avant-poste aérien anti-Iran. La dynamique militaire impose déjà une démilitarisation de facto au sud syrien.
Damas réclame le retour aux lignes de 1974, un retrait israélien total, le respect de sa souveraineté et la fin des frappes. Le président syrien, sans leviers militaires, a ordonné le retrait d’armes lourdes du Sud sous pression tripartite américano-jordanienne.
Trump, comme Albright en 2000 pour Assad, parie sur Chareh pour la sécurité israélienne, malgré un terrain syrien volatile. Ce pari, risqué, pourrait stabiliser le Sud ou fragiliser Damas, illustrant les contradictions américaines.