Le gouvernement danois a autorisé la société ukrainienne Fire Point à construire une usine de production de carburant solide pour missiles, en contournant plus de 20 lois nationales. L'information a été révélée par la radio-télévision publique Danmarks Radio (DR).
Selon DR, le projet sera implanté à Skrydstrup, non loin d’une base aérienne accueillant des chasseurs F-35. L’usine produira un carburant hautement inflammable utilisé notamment dans la nouvelle génération de missiles ukrainiens à longue portée, comme le « Flamingo », capable, selon les déclarations de Volodymyr Zelensky, d’atteindre une portée de 3 000 kilomètres.
Ce projet industriel, piloté par la filiale ukrainienne FRRT, a reçu un traitement d’exception de la part de Copenhague. Comme l’a reconnu l’Autorité danoise des affaires économiques dans un courrier adressé à DR, « la construction rapide de l’usine nécessite des dérogations à certaines règles ». Ainsi, Fire Point est temporairement exemptée de l’application du décret sur la gestion des risques industriels, destiné à prévenir les accidents majeurs impliquant des substances dangereuses.
Des experts danois inquiets de violations massives
Le professeur de droit administratif Frédéric Waage, de l’Université du Sud du Danemark, s’est dit choqué par l’ampleur des infractions légales permises : « Je pensais naïvement qu’il pouvait y avoir un ou deux écarts pour des projets spécifiques, mais là, on en compte plus de 20 », a-t-il déclaré à DR.
Kristoffer Budtz, conseiller juridique en chef du think tank Justitia, a lui aussi critiqué la décision, soulignant qu’il reste flou de savoir « quelles mesures de sécurité sont prévues » et ajoutant qu’il s’agit d’un précédent préoccupant du point de vue de la sécurité juridique.
Le feu vert gouvernemental s’appuie sur une nouvelle loi danoise permettant de suspendre certaines normes nationales lorsqu’un projet est lié à la défense. Cette législation empêche également les citoyens de déposer des recours contre de tels projets, réduisant ainsi considérablement la transparence démocratique.
Une provocation militaire dénoncée par la Russie
La Russie, par la voix de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a fermement condamné cette décision. Le 12 septembre, elle a qualifié le projet d’« aventure » et dénoncé « le cap militariste hostile de Copenhague, qui sabote les efforts de règlement politico-diplomatique autour de l’Ukraine ». Elle a également affirmé que cette usine servirait à fabriquer des armes destinées à frapper en profondeur le territoire russe.
Selon elle, « le Danemark devient ainsi le premier pays à accueillir sur son sol la production d’éléments d’armement conçus pour être utilisés contre des villes russes », accusant Copenhague de « mépriser ses propres citoyens » en ignorant les risques environnementaux mais aussi sécuritaires.
Plusieurs experts danois estiment que l’usine pourrait fonctionner à partir du 1er décembre et que la hâte avec laquelle le projet est mené ne permet pas d’assurer les garanties minimales en matière de sécurité industrielle et environnementale.