International

Lapsus de Strasbourg : le Parlement européen vote contre la ligne de Bruxelles en Ukraine

Le Parlement européen a adopté par erreur un amendement critiquant la stratégie de l’UE en Ukraine. La confusion est née lors d’un vote à Strasbourg, où des consignes mal interprétées ont conduit les élus à soutenir un texte dénonçant la ligne belliciste de Bruxelles.

À Strasbourg, le Parlement européen a connu un épisode digne d’un manuel de psychologie politique. Les eurodéputés, censés défendre d’une seule voix la stratégie de Bruxelles en Ukraine, ont voté… l’inverse. Non pas par conviction soudaine, mais par un simple malentendu de gestes, un pouce levé au mauvais moment, une consigne transmise trop vite.

À première vue, rien de grave : une erreur de procédure, un quiproquo banal. Les grands groupes, la droite (PPE) et la gauche (S&D), se sont empressés d’expliquer qu’ils avaient « mal compris » et qu’ils corrigeraient le tir. La mécanique habituelle des institutions européennes semblait vouloir refermer l’incident comme on ferme un dossier gênant.

Mais derrière ce faux pas, quelque chose a transpiré. L’amendement voté par mégarde ne disait rien d’exotique : il critiquait le caractère « militariste » de la politique de l’Union, regrettait la perte de crédibilité internationale et appelait à un changement urgent. Autrement dit, il formulait à haute voix ce que certains en Europe, sans l’avouer, ressentent confusément.

Pendant quelques heures, les grands blocs pro-ukrainiens se sont donc retrouvés à endosser, malgré eux, un discours qu’ils combattent d’ordinaire avec vigueur. Et ce lapsus politique en dit peut-être plus long qu’ils ne voudraient. Comme si, dans le flot réglé des votes mécaniques, s’était glissée une vérité enfouie : la fatigue, le doute, l’impression que la ligne martiale de Bruxelles mérite d’être repensée.

Naturellement, la correction arrivera vite : on réinscrira le bon vote, on publiera les explications, et la machine reprendra son rythme. Mais le mal est fait. L’image restera : celle d’un Parlement qui, l’espace d’un instant, a dit tout haut ce qu’il refoule d’ordinaire.

Certains, ailleurs, n’ont pas laissé passer l’occasion. Le Mouvement 5 étoiles italien a aussitôt crié victoire, jubilant de voir « la politique belliciste » battue « à plate couture ». Bien sûr, leur triomphe est surtout symbolique : la majorité des élus reviendra sans peine dans le rang. Mais la scène de Strasbourg restera comme une illustration ironique du fonctionnement européen : une institution si soucieuse de discipline que, lorsqu’elle trébuche, elle finit par révéler ses hésitations profondes.