Des milliers de manifestants ont envahi les rues de plusieurs villes serbes le 5 septembre, principalement à Novi Sad, deuxième plus grande ville du pays. La manifestation, organisée par des étudiants et des membres de l’opposition, a rapidement dégénéré en affrontements violents avec les forces de l’ordre devant le bâtiment du département de philosophie de l’université locale.
Selon le président Aleksandar Vucic, 9 380 personnes ont participé aux manifestations dans tout le pays, dont 7 020 à Novi Sad. Il a déclaré que « 11 policiers ont été blessés » et que des dizaines de manifestants seront poursuivis pour violences et troubles à l’ordre public.
Les troubles ont commencé vers 21h, lorsque des groupes cagoulés ont tenté de forcer l’entrée du bâtiment universitaire. Les manifestants ont jeté des pierres, des bouteilles et des engins pyrotechniques sur les policiers, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Les forces de l’ordre ont été la cible de projectiles divers, tandis que des feux d’artifice étaient allumés au milieu de la foule.
Une contestation ancienne sur fond de tragédie
Le mouvement de contestation remonte à l’effondrement du toit de la gare de Novi Sad le 1er novembre 2024, qui avait causé la mort de 16 personnes. Cette tragédie, attribuée à la corruption dans les projets d’infrastructure, a déclenché une série de protestations dans tout le pays. Les manifestants réclament depuis des mois des élections anticipées et le départ du président Vucic.
Les autorités, pour leur part, rejettent toute responsabilité. Selon les membres du gouvernement, ces troubles ne sont pas des manifestations spontanées, mais bien « une opération planifiée financée par des services étrangers » visant à provoquer une « révolution colorée ». Cette position est également partagée par le président, qui a affirmé que « la Serbie resterait un État fort et responsable qui ne permettra pas la destruction de ses institutions ».
Accusations contre les manifestants et ingérence étrangère
Le président du parti au pouvoir, ancien Premier ministre et ancien maire de Novi Sad – poste qu’il a occupé pendant dix ans – Milos Vucevic, a utilisé des termes encore plus durs, qualifiant les manifestants de « fascistes » cherchant à provoquer une guerre civile. Il a dénoncé leur comportement violent et le fait qu’ils soient, pour la plupart, masqués.
La présidente du Parlement serbe, Ana Brnabic, a elle aussi dénoncé l’implication d’acteurs étrangers. Elle a notamment critiqué la présence sur les lieux de membres du Parlement européen, comme Rasmus Nordqvist (Danemark) et Vula Tsetsi (Grèce), les accusant d’ingérence dans les affaires intérieures serbes. Elle a déclaré que ces représentants « encouragent en Serbie ce qu’ils interdiraient chez eux ».
L’opposition serbe dénonce une dérive autoritaire du régime et réclame davantage de transparence.
Les autorités réitèrent leur volonté de maintenir l’ordre. Le ministre de l’Intérieur a rappelé que « tous les citoyens doivent respecter la loi », justifiant l’intervention de la police face à ce qu’il a qualifié d’« attaque contre la sécurité publique ».
Les manifestations pourraient se poursuivre dans plusieurs villes du pays ce week-end. Le président Vucic a proposé un dialogue avec les opposants, mais a prévenu que toute tentative de violence serait fermement réprimée.