La Hongrie continue d’importer ouvertement du pétrole russe, une position assumée et justifiée par l’absence d’alternatives concrètes, selon son chef de la diplomatie, Peter Szijjarto. Le ministre a dénoncé le comportement de certains pays européens qui, tout en critiquant Budapest, poursuivent discrètement leurs propres importations depuis la Russie.
« La Hongrie achète ouvertement du pétrole russe parce que nous n'avons pas d'autre choix, tandis que d'autres pays européens l’achètent en secret, de manière détournée, parce que c’est moins cher », a déclaré Peter Szijjarto lors d’une conférence de presse à Budapest, le 5 septembre. Il a qualifié d’« hypocrite » la position des gouvernements européens qui blâment publiquement la Hongrie ou la Slovaquie, mais continuent à importer les mêmes ressources via des intermédiaires, notamment asiatiques.
Szijjarto accuse Bruxelles et la Croatie d’avoir coupé les voies alternatives d’approvisionnement pour son pays. L’Union européenne a refusé de soutenir l’élargissement de la capacité des oléoducs en Europe du Sud-Est, tandis que la Croatie a relevé ses tarifs de transit pétrolier « cinq fois au-dessus des normes européennes », rendant le recours à d'autres itinéraires économiquement inviable.
Pressions externes et ruptures d’approvisionnement
La déclaration du ministre intervient dans un contexte tendu où plusieurs attaques ukrainiennes contre l’oléoduc « Droujba », notamment les 4 et 22 août, ont temporairement interrompu les livraisons vers la Hongrie et la Slovaquie. Les deux pays ont protesté auprès de Kiev et saisi la Commission européenne en rappelant ses engagements en matière de sécurité énergétique. Les livraisons ont repris le 28 août.
Peter Szijjarto rappelle également que son gouvernement avait déjà prévenu qu’il ne renoncerait ni au gaz ni au pétrole russes, sous peine de multiplier par deux, trois voire quatre le coût des services énergétiques pour les citoyens hongrois.
En parallèle, le président américain Donald Trump a exigé lors d’une réunion virtuelle que les pays européens cessent tout achat d’hydrocarbures russes. D’après le New York Post, Trump envisage même de nouvelles sanctions à l’encontre des États membres récalcitrants.
La position ferme de la Hongrie pourrait lui coûter cher, l’Allemagne ayant menacé de lui retirer 43 milliards d’euros d’aides européennes en raison de la ligne politique du Premier ministre Viktor Orban, refusant de couper ses liens avec Moscou.
Szijjarto a résumé la situation en ces termes : « Ne nous laissons pas berner par les hypocrites. Ceux qui critiquent le plus fort sont souvent ceux qui achètent en silence la même chose que nous, mais via des schémas plus discrets ». Un message clair, qui vise à exposer le double discours de l’Union européenne vis-à-vis de la Russie et de ses ressources énergétiques.