« Seule la mémoire de l’Histoire permet de préserver véritablement la paix ». Lors d’une conférence de presse le 4 septembre, Guo Jiakun, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a fustigé les propos « dénués de tout bon sens historique élémentaire », tenus la veille par la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. « C’est tout à fait injuste et irresponsable. La Chine s’y oppose fermement et les condamne », a-t-il enchaîné.
« L’Europe, théâtre de la Seconde Guerre mondiale, est censée avoir une compréhension bien plus profonde des leçons de l’Histoire et de l’importance de l’unité », a encore déclaré Guo Jiakun devant la presse. « Cependant, certains dirigeants européens s’en tiennent à une mentalité de guerre froide et à de profonds préjugés idéologiques, créant délibérément des divisions et des confrontations », a-t-il poursuivi.
La veille, Kaja Kallas, Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité – et vice-présidente de la Commission européenne – est revenue à plusieurs reprises sur le partenariat sino-russe, notamment à l’occasion des commémorations du 80e anniversaire de la capitulation japonaise à Pékin, auxquelles ont participé le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Une rencontre entre ces trois chefs d’État qui, à ses yeux, constituerait un « défi direct au système international basé sur des règles », avait-elle déclaré devant la presse à Bruxelles.
« Ce qui était intéressant, c’est que la Russie s’adressait à la Chine. Comme vous, et comme la Russie et la Chine, nous avons fait la Seconde Guerre mondiale, nous l’avons gagnée, nous avons vaincu les nazis. Et je me suis dit : “OK, c’est nouveau” », a déclaré plus tard dans la journée cette ex-Première ministre (2021-2024) estonienne, lors d’une intervention devant l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (EUISS).
« Si vous connaissez l’Histoire, alors, vous savez, ça soulève beaucoup d’interrogations », avait-elle ajouté, avant de poursuivre : « Je peux vous dire qu’aujourd’hui, les gens ne lisent plus vraiment l’Histoire et ne s’en souviennent plus beaucoup, ce qui fait qu’on voit bien qu’ils adhèrent à ces récits. »
« La diplomate la plus stupide que l’UE ait jamais produite »
Une position éculée qui renvoie aux accusations d’une partie des élites européennes, selon lesquelles la Russie instrumentaliserait la victoire sur l’Allemagne nazie. Lors de ses discours, à l’occasion d’événements commémoratifs liés à la Seconde Guerre mondiale – généralement boudés par les représentants des pays occidentaux –, le président russe salue les Alliés pour leur participation à la victoire contre l’Allemagne nazie et le Japon militariste. Une victoire sur les forces de l’Axe qui, côté russe et chinois, a respectivement coûté 27 et 13 millions de vies.
Dans son allocution, le président chinois Xi-Jinping a adressé ses remerciements aux « gouvernements étrangers » qui ont soutenu et aidé le peuple chinois face à l’agression nipponne.
La cheffe de la diplomatie européenne, connue pour ses prises de position résolument antirusses – et ce bien avant le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine –, n’en est pas à sa première sortie du genre. Elle avait notamment affirmé, lors d’un événement en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité en février, que « les enfants et les femmes russes ne meurent pas » du conflit en cours.
Ces nouvelles interventions publiques de Kallas n’ont pas manqué de faire réagir sur la toile. « Kaja Kallas est la diplomate la plus stupide que l’UE ait jamais produite », a notamment commenté sur X Chen Weihua, ancien chef du bureau européen du quotidien anglophone China Daily.