La commission de surveillance de la Chambre des représentants des États-Unis a publié, ce 2 septembre, plus de 33 000 pages de documents relatifs au financier déchu Jeffrey Epstein. Ces fichiers proviennent du ministère de la Justice et ont été mis en ligne sans tri préalable. Selon les déclarations du président de la commission, l’élu républicain James Comer, cette démarche vise une « transparence complète » afin que « tout le monde en Amérique puisse voir ces documents ».
Cependant, cette publication massive ne semble pas répondre aux attentes. Selon le représentant démocrate Robert Garcia, « 97 % de ces documents étaient déjà publics ». D’autres élus, comme Summer Lee et Ro Khanna, dénoncent une opération de communication sans apport d’éléments nouveaux. Le seul ajout notable serait moins de 1 000 pages de journaux de vol de l’avion privé d’Epstein, obtenus par les douanes américaines.
Les documents ont été publiés sous forme d’images individuelles, rendant leur consultation difficile pour le public. Certaines données ont été volontairement retirées afin de protéger les victimes d’exploitation sexuelle.
Une administration Trump en difficulté
Jeffrey Epstein, arrêté en 2019 pour trafic sexuel de mineures, est mort en prison la même année. Officiellement, il se serait suicidé, mais cette version alimente depuis de nombreuses théories du complot. Le Wall Street Journal avait révélé en juillet que le nom de Donald Trump figurait dans certains documents internes, tout comme ceux de nombreuses personnalités de haut rang. La Maison Blanche avait alors démenti ces informations.
Le président Trump, mis sous pression par sa propre base qui exige la transparence promise depuis sa campagne, tente depuis plusieurs semaines de calmer la controverse. Il a mandaté son ancien avocat Todd Blanche, désormais haut responsable au ministère de la Justice, pour interroger Ghislaine Maxwell, complice condamnée d’Epstein. Le verbatim de cet entretien a été rendu public fin août. Maxwell y affirme ne pas croire à la thèse du suicide et nie toute existence d’une « liste de clients ». Elle indique également n’avoir « jamais observé » un comportement inapproprié de Trump.
La pression politique s’intensifie
Cette publication intervient dans un contexte de méfiance croissante envers les institutions américaines. La pression monte au Congrès, où une proposition de loi bipartisane — le Epstein Files Transparency Act — cherche à contraindre le ministère de la Justice à rendre publics l’ensemble des fichiers. Les élus organisent même des conférences de presse en compagnie de plusieurs victimes pour exiger des réponses.
Malgré les promesses de transparence, les voix critiques se multiplient. Comme le déclare la députée démocrate Melanie Stansbury, il ne s’agirait que d’une tentative de « dissimulation ».
En arrière-plan, les convocations se poursuivent. Bill et Hillary Clinton, ainsi que d’anciens ministres de la Justice et directeurs du FBI, doivent répondre prochainement devant le Congrès de leurs liens avec Epstein. La prochaine audition de Ghislaine Maxwell, initialement prévue pour le 11 août, a été repoussée sans nouvelle date.
À ce jour, malgré l’ampleur du volume rendu public, aucune « liste de clients » ou révélation fracassante n’a émergé. Les victimes, elles, continuent de réclamer justice.