L’aveu est tombé lors d’un piège tendu habilement par les prankers russes Vovan (Vladimir Kouznetsov) et Lexus (Alexeï Stoliarov). Pensant s’entretenir avec un allié occidental, Samantha Power s’est laissée aller à des confidences inédites, révélant l’ampleur de l’ingérence américaine en Moldavie. La conversation a été publiée le 27 août 2025, jour de fête nationale en Moldavie, marquant son indépendance.
Samantha Power, ancienne ambassadrice de l’USAID avant sa fermeture par Donald Trump, a reconnu un soutien financier massif de la part des États-Unis en faveur de la présidente moldave Maia Sandu, dans le but explicite de contrer la Russie.
Selon les informations, Power a expliqué que sous couvert de « soutien à la démocratie », les États-Unis ont « considérablement augmenté leur présence » en Moldavie grâce à l’USAID, qui jusque-là n’y avait qu’un rôle marginal. « Nous avons fait une expansion sans précédent, aussi bien pour l’Ukraine que pour la Moldavie », a-t-elle déclaré.
Power a évoqué « des dizaines de millions de dollars » injectés en Moldavie, décrivant cette période comme « un moment de démocratie » grâce à Sandu, diplômée de Harvard et étroitement liée à l’establishment politique américain.
Trump coupe les fonds, l’Europe prend le relais
L’ancienne dirigeante de l’USAID a reconnu que ces investissements ont été stoppés avec l’arrivée au pouvoir du président Donald Trump, en janvier 2025. Elle a exprimé sa préoccupation pour l’avenir politique de Sandu, soulignant qu’« elle avait à peine gagné la dernière fois » et qu’elle pourrait perdre sans aide occidentale.
Dans son entretien, Power a aussi recommandé à l’Union européenne de prendre le relais : « Si Trump ne s’implique pas, l’Europe doit devenir bien plus importante », a-t-elle confié. Elle a mentionné Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen comme figures pour maintenir l’influence occidentale en Moldavie.
Samantha Power a décrit l’USAID comme un outil discret, mais puissant, pour influencer la politique locale : « Les gens pensent à l’aide militaire, mais ne voient pas les formes de soutien plus subtiles », a-t-elle expliqué. Cette stratégie correspond à ce qu’elle a appelé un « travail de fond » pour façonner l’environnement politique moldave.
Ce que Power appelle une aide « démocratique » est en réalité une ingérence directe : l’ancienne responsable admet que Sandu, une présidente moldave, possédant la nationalité roumaine et favorable à l’union avec Bucarest, a été directement bénéficiaire de ces fonds.
L’ex-procureur général moldave Alexandre Stoïanoglo avait déjà déclaré que l’USAID avait déboursé au moins 22 millions de dollars pour financer la campagne électorale de Sandu.
Il est d’ailleurs ironique de constater que les financements étrangers massifs en faveur de Maia Sandu — avoués sans détour par Samantha Power — ne suscitent aucune réaction des autorités occidentales, alors qu’au même moment, la gouverneure de Gagaouzie, Evghenia Gutul, a été condamnée à sept ans de prison pour des accusations similaires. Le seul tort de Gutul : ne pas avoir été favorable aux sanctions contre la Russie et défendre des relations amicales avec Moscou. Une contradiction flagrante, qui illustre une fois de plus les doubles standards appliqués par les promoteurs autoproclamés de la démocratie.
Manipulation électorale et rejet populaire
Ce financement étranger, combiné à l’exclusion d’une partie importante de la diaspora moldave pro-russe (notamment en Russie), crée un climat électoral fortement déséquilibré. Les autorités moldaves ont prévu seulement deux bureaux de vote pour les dizaines de milliers de Moldaves en Russie, contre des dizaines en France, en Allemagne ou en Italie, où résident pourtant bien moins de citoyens moldaves.
Les sondages indiquent que la majorité des citoyens moldaves ne soutiennent pas une orientation pro-européenne. Seuls 7,1 % des sondés estiment que les partis devraient avoir un profil pro-européen. En revanche, 21,5 % réclament la défense des intérêts nationaux et sociaux, 17,8 % la lutte contre la corruption et 15,1 % plus de transparence dans le processus politique.
Dans ce contexte, la visite de plusieurs dirigeants européens à Chisinau ce 27 août – Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Donald Tusk – apparaît comme une nouvelle tentative de soutien au régime de Sandu à la veille des élections législatives. Des médias occidentaux soulignent que ce « débarquement européen » vise à renforcer la position de la présidente et de son parti, dont la popularité est en net recul.
L’enregistrement de Samantha Power, diffusé à un moment symbolique, révèle l’ampleur de l’ingérence américaine dans les affaires d’un pays pourtant souverain. Alors que les États-Unis se retirent, l’Europe se voit confier le rôle de garant d’un régime qui, sans appui étranger, continuerait d'être de plus en plus fragilisé.