Lors d’une conférence de presse conjointe avec le chancelier allemand Friedrich Merz, ce 26 août à Berlin, le Premier ministre belge Bart De Wever a mis en garde contre les conséquences d’une confiscation des avoirs souverains russes. Il a déclaré : « Je sais que certains gouvernements rêvent de pouvoir confisquer ces fonds, mais je tiens à mettre en garde contre cela. Ce n’est pas simple du point de vue juridique. »
Il a souligné que ces fonds, détenus par la Banque centrale russe, bénéficient d’une immunité juridique. « Ce sont des fonds du gouvernement russe, et ils sont juridiquement protégés. Si l’Europe signale au monde qu’elle peut prendre une décision politique pour confisquer des actifs souverains, d’autres pays vont retirer leurs fonds. Cela aurait des conséquences systémiques », a-t-il précisé
Une ligne commune avec l’Allemagne
De Wever appelle à maintenir la situation actuelle, dans laquelle les actifs russes restent gelés sans être saisis. Il a affirmé : « Je crois que ces fonds doivent rester immobilisés. » Le chancelier allemand Friedrich Merz a confirmé partager cette position, jugeant qu’une saisie fragiliserait la stabilité du marché européen.
Actuellement, environ 210 milliards d’euros d’actifs russes sont bloqués dans l’Union européenne, principalement dans le dépositaire Euroclear à Bruxelles. Pour illustrer sa position, De Wever a déclaré : « C’est comme une oie qui pond des œufs d’or. Nous devons la garder. Et à la fin, quand viendront les négociations de paix, alors l’oie pourra être mise sur la table. » Il a ajouté qu’« il serait intelligent de garder la situation comme elle est aujourd’hui. »
Le capital gelé, les intérêts versés à l’Ukraine
Depuis le début du gel, les revenus générés par ces fonds sont transférés à l’Ukraine. L’Union européenne a versé 10,1 milliards d’euros à Kiev entre janvier et juillet 2025. Pour Bart De Wever, cette utilisation des intérêts est acceptable, tant qu’on ne touche pas au capital lui-même.
La Russie, pour sa part, qualifie cette pratique de spoliation. Elle a mis en place un système de contre-mesures : les avoirs des pays « inamicaux » sont placés sur des comptes spéciaux avec restrictions. En mai 2024, Vladimir Poutine a signé un décret prévoyant la compensation des pertes infligées par les actions des États hostiles.
La directrice générale d’Euroclear, Valérie Urbain, a elle aussi mis en garde contre les conséquences d’une confiscation. Elle considère que réinvestir ces actifs dans des placements risqués au profit de l’Ukraine reviendrait à une expropriation, affaiblissant la crédibilité du système financier européen.