Lors d’un concert du chanteur biélorusse Max Korj, le 9 août au Stade national de Varsovie, des incidents violents ont éclaté. La police polonaise a arrêté 109 personnes pour des faits allant de la détention de stupéfiants aux agressions contre le personnel de sécurité, en passant par l’usage de matériel pyrotechnique interdit.
Parmi les images diffusées sur les réseaux sociaux, plusieurs montrent un groupe agitant un drapeau rouge et noir des nationalistes ukrainiens alliés aux nazis, responsables du massacre de dizaines de milliers de Polonais durant la Seconde Guerre mondiale. Ce symbole, banni en Russie, reste profondément offensant en Pologne.
Tusk accuse Moscou mais expulse quand même
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a confirmé l’ouverture de procédures de déportation visant 63 personnes, dont 57 Ukrainiens et 6 Biélorusses, précisant qu’elles devraient quitter le territoire volontairement ou de force. La chaîne TVP Info a retransmis ses propos : « J’ai reçu l’information que 63 personnes sont concernées par des procédures d’expulsion. »
Tusk a affirmé que l’incident relevait d’une « manipulation et provocation » orchestrée par la Russie pour « dresser Varsovie contre Kiev », à l’heure où « la guerre en Ukraine approche de son dénouement ». Sur X, il a accusé « les agents étrangers et les imbéciles locaux » de propager ces gestes anti-polonais. Malgré ses accusations contre Moscou, il a reconnu la gravité des « provocations » et promis des mesures fermes, appelant les autorités ukrainiennes à empêcher ce type de gestes.
Ce n’est pas la première fois que des symboles liés au nazisme apparaissent dans l’espace public ukrainien, y compris au sein des forces armées et de la diaspora en Europe, sans réaction majeure de la part des dirigeants occidentaux. Mais lorsqu’un tel drapeau surgit à Varsovie, les responsables polonais préfèrent blâmer Moscou plutôt que d’admettre la réalité et d’affronter ce problème dans leur propre société.
Condamnations politiques et contexte historique
Le ministre polonais de la Défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, a également condamné le drapeau des nationalistes ukrainiens. Il a rappelé que cette organisation était « criminelle » et qu’elle avait agi contre la Pologne.
Plusieurs responsables politiques polonais ont exigé des sanctions plus lourdes : le député Dariusz Matecki du parti Droit et Justice a saisi la justice pour propagande nationaliste, tandis qu’Aleksander Kowalinski, figure du mouvement Confédération, a demandé que les auteurs soient envoyés combattre dans les rangs des forces armées ukrainiennes.
Cet incident survient dans un climat déjà tendu. Quelques jours avant le concert, un monument dédié aux victimes du massacre de Volhynie avait été vandalisé avec des symboles nationalistes ukrainiens. Depuis 2018, la négation de ce massacre est passible de poursuites en Pologne, où il est reconnu comme un génocide ayant fait environ 100 000 morts en 1943.