«La police et les forces armées ont tiré sur les manifestations, tuant au moins 75 manifestants et en blessant de nombreux autres, selon des militants», a annoncé HRW dans un communiqué.
Le gouvernement éthiopien n'a pas immédiatement réagi, mais son bilan officiel était jusque-là de cinq morts. Le porte-parole du gouvernement, Getachew Reda, a affirmé que des «manifestations pacifiques» avaient dégénéré en violences et accusé les manifestants de «terroriser les civils».
Les manifestations, dans la région de l'Oromia qui entoure Addis Abeba, avaient commencé le mois dernier pour protester contre un projet d'agrandissement programmé de la capitale qui a suscité des craintes d'expropriation de terres dans des zones traditionnellement occupées par le peuple oromo.
«Human Rights Watch a reçu des informations crédibles selon lesquelles les forces de sécurité ont tué des dizaines de manifestants dans les zones de Shewa et Wollega, à l'ouest d'Addis Abeba, début décembre», a déclaré HRW.
«Plusieurs personnes ont dit avoir vu les forces de sécurité dans la ville de Walliso, à 100 km au sud-ouest d'Addis Abeba, tirer sur la foule des manifestants en décembre, laissant des corps étendus sur la rue».
«La réponse du gouvernement éthiopien aux protestations de l'Oromia a fait des dizaines de morts et accentué le risque d'un bain de sang encore plus important», a estimé Leslie Lefkow, directrice-adjointe de l'organisation pour l'Afrique.
«Le fait que le gouvernement qualifie des manifestants très largement pacifiques de 'terroristes' et l'envoi de forces militaires représentent une escalade très dangereuse», a-t-elle ajouté.
Les défenseurs des droits de l'Homme ont à plusieurs reprises dénoncé le recours des autorités éthiopiennes à une législation antiterroriste pour museler l'opposition pacifique.
La région de l'Oromia qui compte près de 27 millions d'habitants est la plus peuplée du pays et a sa propre langue, l'Oromo, différente de la langue officielle, l'amharique.