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Exportations de blé : la France toujours exclue du marché algérien

Deux ans après l’arrêt des importations de blé français par l’Algérie, les conséquences continuent de se faire sentir dans la filière céréalière française. Alors que la campagne 2025-2026 s’annonce déterminante, les exportateurs s’inquiètent d’un marché historique toujours inaccessible en raison des tensions diplomatiques entre Paris et Alger.

La campagne céréalière 2025-2026 s’ouvre dans un contexte tendu pour les producteurs français de blé tendre. Un spécialiste du secteur, ingénieur d’affaires au sein du Crédit agricole, a récemment confié au média Plein Champ que l’Algérie — longtemps premier client du blé français — n’avait plus acheté un seul grain en provenance de France depuis deux campagnes. « L’Algérie est absente depuis deux ans », a-t-il déclaré, ajoutant qu’aucune tonne n’avait été exportée vers ce pays au titre de la campagne 2024-2025.

Cette absence inquiète d’autant plus que la récolte de 2024 a été jugée décevante. La production nationale devrait atteindre 33 millions de tonnes, avec un potentiel exportable estimé à 8 millions de tonnes — un niveau inférieur à la moyenne des années précédentes. Le retrait algérien fragilise donc un débouché majeur pour les céréaliers français, qui redoutent un excédent non écoulé en fin de campagne.

La rupture commerciale entre les deux pays s’inscrit dans un cadre plus large de tensions diplomatiques. En octobre 2021, Alger avait annoncé la non-reconduction de ses contrats d’importation de blé avec la France. Cette décision faisait suite à des propos controversés du président Emmanuel Macron sur l’histoire coloniale de l’Algérie, jugés offensants par le gouvernement algérien.

La Russie devenue partenaire privilégiée de l'Algérie

Jusqu’en 2020, la France fournissait près de 40 % du blé importé par l’Algérie, soit environ 3,2 millions de tonnes par an. L’arrêt des importations françaises a donc représenté un tournant stratégique dans les relations commerciales bilatérales.

Depuis, l’Algérie a entamé une diversification de ses fournisseurs, privilégiant des partenaires comme la Russie, l’Ukraine ou le Canada. Elle affirme également vouloir développer sa propre production pour répondre à ses besoins internes, limiter sa dépendance aux marchés extérieurs et réduire les coûts liés aux importations.

Premier client devenu absent, l’Algérie reste aujourd’hui un exemple emblématique de l’impact que peuvent avoir les tensions politiques sur les échanges agricoles. Pour les acteurs de la filière française, la prochaine campagne pourrait s’avérer cruciale, tant sur le plan économique que diplomatique.