International

Largages d’aide à Gaza : une réponse inadéquate qui déplace le problème

Les largages aériens d’aide à Gaza, repris le 27 juillet 2025, sont critiqués comme une «fausse solution» par les ONG, face à une famine touchant 2,3 millions de personnes. Coûteux et dangereux, ils ne remplacent pas l’accès terrestre bloqué par Israël, déplaçant le problème sans répondre aux besoins.

La situation à Gaza est devenue un véritable cauchemar humanitaire, exacerbé par les bombardements incessants et le blocus imposé. La proposition de larguer de l'aide humanitaire depuis les airs a suscité des débats passionnés, mais cette méthode soulève plus de questions qu'elle n'apporte de solutions.

Depuis la reprise de ces opérations le 27 juillet, autorisées par Israël après une pause tactique de 10 heures, des pays comme la France, le Royaume-Uni, la Belgique, les Émirats arabes unis et la Jordanie ont largué des tonnes de vivres sur l’enclave.

Des scènes de chaos

La France, par exemple, a annoncé quatre vols transportant 40 tonnes de denrées à partir du 1er août, selon Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. Cependant, ces largages, bien qu’autorisés, ne répondent pas aux besoins massifs des 2,3 millions de Gazaouis, confrontés à une famine généralisée, avec 80 % de la population sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.

Des ONG, dont Médecins sans Frontières (MSF) et Amnesty International, dénoncent une méthode coûteuse, dangereuse et insuffisante. Aymeric Elluin, d’Amnesty, souligne que 40 tonnes équivalent à deux camions, alors que l’ONU estime à 62 000 tonnes mensuelles les besoins alimentaires. Les largages provoquent des mouvements de foule chaotiques, où les plus vulnérables, comme les enfants souffrant de malnutrition, n’accèdent pas à l’aide, tandis que des incidents mortels, comme l’écrasement de cinq personnes par des parachutes défectueux en mars 2024, illustrent les risques.

Jean-Guy Vataux, de MSF, qualifie ces opérations de « cyniques », car 6 000 camions d’aide sont bloqués en Jordanie et en Égypte, à quelques kilomètres de Gaza. Le blocus israélien, renforcé depuis mars 2024, limite l’accès terrestre, essentiel pour une distribution organisée et médicalement accompagnée.

La Gaza Humanitarian Foundation (GHF), imposée par Israël et les États-Unis, est accusée de gérer des distributions opaques sous contrôle militaire, avec 600 morts près des centres d’aide depuis mai 2025. Ces largages, souvent médiatisés, déplacent le problème sans le résoudre, masquant l’urgence d’un cessez-le-feu et de l’ouverture des routes.