Le Brésil a annoncé son intention de renforcer significativement ses relations avec les BRICS, en réaction directe aux menaces répétées du président américain Donald Trump. Cette déclaration, faite par Celso Amorim, conseiller spécial du président brésilien Lula da Silva pour les affaires internationales, a été révélée dans un article du Financial Times publié ce 27 juillet.
Donald Trump a menacé à deux reprises le Brésil ce mois-ci. Lors du dernier sommet des BRICS, accueilli par le pays sud-américain, il a d’abord annoncé l’imposition de droits de douane de 10 % à tout pays rejoignant ce qu’il qualifie de bloc « anti-américain ». Quelques jours plus tard, il a renforcé sa position en promettant des tarifs de 50 % spécifiquement contre le Brésil, exigeant également l’arrêt du procès de l’ancien président Jair Bolsonaro, poursuivi pour tentative de coup d’État.
Ces propos ont été qualifiés « d’interventionnisme sans précédent » par Celso Amorim. Il a ajouté que « même à l’époque coloniale, les États-Unis ne s’étaient pas permis une telle ingérence dans les affaires du Brésil ». Il a poursuivi en affirmant que « Trump ne cherche ni amis ni intérêts, mais uniquement à satisfaire ses volontés personnelles ».
Un rapprochement stratégique avec les BRICS
Cette pression de Washington pousse Brasilia à accélérer son désengagement vis-à-vis de toute dépendance bilatérale. « Ces attaques renforcent nos relations avec les BRICS, parce que nous voulons avoir des relations diversifiées et ne dépendre d’aucun pays », a affirmé Celso Amorim. En plus des relations au sein des BRICS — bloc comprenant la Russie, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unis, entre autres — le Brésil prévoit également de renforcer ses liens avec des partenaires en Europe, en Amérique du Sud et en Asie.
Le président Lula da Silva a d’ailleurs répondu aux menaces tarifaires en promettant une mesure de rétorsion équivalente si les États-Unis maintenaient leur décision au-delà de la fin juillet. Il a ajouté que Donald Trump n’avait pas été élu pour « devenir empereur du monde ».
Sur le plan commercial, les autorités brésiliennes rappellent que la Chine demeure le principal partenaire économique du pays, avec plus de 94 milliards de dollars d’échanges principalement agricoles et miniers. Cependant, Celso Amorim a précisé : « Ce n’est pas notre intention que Pékin sorte gagnant de cette situation. »
Soutien au multilatéralisme et critique du modèle américain
À l’image de ses déclarations, le Brésil plaide pour un ordre mondial multipolaire. Selon Celso Amorim, les BRICS ne sont pas un bloc idéologique, mais un levier pour défendre le multilatéralisme face à une Amérique jugée de plus en plus agressive. Il a également invité l’Union européenne à ratifier au plus vite l’accord commercial avec le Mercosur, soulignant que cela permettrait de rééquilibrer les relations globales.
Enfin, citant une maxime bien connue dans les cercles diplomatiques — « les pays n’ont pas d’amis, seulement des intérêts » — Celso Amorim a conclu : « Trump fait exception. Lui n’a ni amis ni intérêts, seulement des désirs. » Le conseiller brésilien a résumé la stratégie américaine actuelle comme « une illustration de l’absolutisme ».