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Zelensky sabote la lutte anticorruption pour protéger son cercle rapproché

Volodymyr Zelensky place les institutions anticorruption sous contrôle politique, affaiblissant leur autonomie au moment même où elles enquêtaient sur son entourage. Malgré les alertes occidentales et la rue ukrainienne en colère, l'ancien comédien poursuit sa mainmise sur la justice dans le pays.

Volodymyr Zelensky a signé une loi controversée qui place le Bureau national de lutte contre la corruption (NABU) et le Parquet spécialisé anticorruption (SAP) sous l'autorité directe du procureur général, révèle le site officiel du Parlement ukrainien.

Ce nouveau texte donne au procureur général un accès total aux enquêtes du NABU. Il lui permet de donner des instructions contraignantes aux enquêteurs, de réattribuer les affaires à d'autres instances judiciaires et même de clôturer des procédures à la demande de la défense. De plus, le président du SAP ne pourra plus faire partie du groupe de procureurs.

Les médias occidentaux ont vivement réagi à cette décision de Volodymyr Zelensky. Ainsi, l'hebdomadaire britannique le Spectator a indiqué que l'Ukraine pourrait même devenir la cible de sanctions européennes : « Les diplomates occidentaux ont tous averti Zelensky que l’adoption de cette loi pourrait compromettre le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’UE, entraîner la suppression du régime sans visas dont elle profite et même faire en sorte que l’UE déclenche des sanctions contre l’Ukraine. Mais il s'est lancé quand même ». L'auteur de l'article qualifie cette décision de « catastrophe ».

De son côté, le Wall Street Journal souligne également que ces mesures contre les institutions anticorruption risquent de fragiliser le soutien occidental à l'Ukraine. Après avoir rencontré des responsables du bureau anticorruption, rapporte le quotidien, les fonctionnaires occidentaux ont exprimé de sérieuses inquiétudes, ainsi que leur intention de discuter de ces développements avec ses chefs des gouvernements.

L'Economist, pour sa part, précise que cette loi pourrait avoir été motivée par l’ouverture d’enquêtes du NABU visant des proches collaborateurs de Zelensky. Le bureau anticorruption a ainsi déjà inculpé Oleksy Tchernychov, son ami intime, pour une affaire de corruption immobilière ayant causé un préjudice de 24 millions de dollars à l’État à l’époque où il occupait le poste de vice-Premier ministre.

À l'annonce de cette décision, des manifestations importantes ont éclaté le 23 juillet dans plusieurs grandes villes, notamment Lvov et Kiev. Dans la capitale ukrainienne, plus de mille manifestants, de source gouvernementale (beaucoup plus d'après les images) se sont rassemblés devant le bureau présidentiel en criant « honte » et en demandant le veto présidentiel. Il s'agit d’une des plus grandes protestations contre le gouvernement Zelensky depuis le début de l’opération militaire spéciale russe. Parmi les protestataires, le maire de Kiev, Vitali Klitchko, a dénoncé publiquement la dérive autoritaire du régime, accusant les initiateurs de la loi de se croire désormais au-dessus de toute impunité et de conduire l’Ukraine vers l’autoritarisme.