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Des nationalistes turcs persécutent un député accusé de haute trahison pour des propos tenus sur RT

L’élu turc qui a accordé une interview à RT dans laquelle il a mentionné que des composants d’armes chimiques étaient livrés à Daesh depuis la Turquie est depuis menacé par le groupe radical «Foyers ottomans» pour ses déclarations.

Eren Erdem, député du parlement turc, a été accusé de trahison après avoir impliqué le pays dans une contrebande d’armes chimiques à destination de Daesh en Syrie. Il a attiré l’attention des enquêteurs après avoir tenus ces propos sur les ondes de RT. Son interview a été diffusée le 14 décembre et le lendemain, le parlementaire a reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux. Mercredi, à Ankara, le procureur général a ouvert une enquête criminelle contre lui.

Une journaliste basée en Turquie, Merav Savir, a confié à RT qu’elle avait appelé Eren Erdem. Le député semblait avoir peur au bout du fil. D’après ses dires, pendant la nuit, des gens devant sa maison à Istanbul scandaient des menaces de mort, le traitaient de «traître» et brandissaient des drapeaux turcs.

Selon des médias locaux, l’affaire d’Erden Erdem pourrait être renvoyée devant le ministère de la Justice dès aujourd’hui. Après quoi, il sera possible de demander au parlement turc de lever l’immunité parlementaire du député.

Eren Erdem estime qu’il est poursuivi parce qu’il a osé raconter cette histoire à des médias internationaux. «Je n’ai pas parlé seulement à RT. J’ai parlé à différents groupes de médias étrangers, à l’AKP, à CNN International. Qu’est-ce que la signifie maintenant ? Les Etats-Unis sont nos amis et la Russie est notre ennemi ?», s’est-il insurgé sur les ondes de Halk TV 17.

Le groupe nationaliste soutenu par Erdogan

 Le lanceur d’alerte affirme qu’il a reçu des menaces du groupe nationaliste violent «Foyers ottomans» dont le nom remonte aux années glorieuses de l’Empire ottoman qui contrôlait le Sud-Est de l’Europe, le Nord de l’Afrique et le Moyen-Orient et dont le territoire s’étendait de Budapest jusqu’à la Mecque et à Damas. «L’organisation paramilitaire "Foyers ottomans" partage mon adresse [sur Twitter] et planifie un raid [contre ma maison]», a déclaré Eren Erdem.

 Créé il y a cinq ans seulement, «Foyers ottomans» comprend déjà des millions de membres. Le groupe affirme avoir un amour profond pour le président Erdogan et son Parti pour la justice et le développement (AKP). «Foyers ottomans» dit être une organisation politique : «Notre seul but est de promouvoir la culture ottomane…Nous n’avons rien contre les autres partis politiques».

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Cependant, le groupe est accusé d’attaques violentes et de proférer des menaces de mort contre ses rivaux politiques, les médias d’opposition et quelques journalistes qui osent critiquer le régime du président Erdogan. «Foyers ottomans» rejette bien sûr toutes ces accusations.

Un ancien membre du Parlement turc, Aykan Erdemir, a confié à RT que le groupe était devenu populaire en nouant des liens étroits avec le parti de Reccep Tayyip : «C’est en fait un groupe des voyous avec un casier judiciaire pour avoir attaqué le journal Hurriyet Daily à Istanbul et des bureaux du Parti démocratique des peuples (HDP) pro-kurde à travers le pays. Nous pouvons voir qu’ils ont un accès à des niveaux très élevés de l’Etat turc. Jusqu’à récemment, les forces de sécurité turques ont fermé les yeux sur les violations du droit».

Le soutien sur les réseaux sociaux

Eren Erdem a été encouragé par ses partisans sur Twitter. Certains estiment qu’il est un personnage de l’histoire qui fait face à un pouvoir injuste. «Dans chaque époque, il y a des gens qui font face à la cruauté», dit ce tweet.

D’autres l’ont remercié pour ce qu’il a fait.

Il y a aussi eu des tweets qui critiquaient le président Erdogan et le qualifiaient de dictateur qui devrait payer un jour.

Mais tous ne soutiennent pas le parlementaire en disgrâce.

RT a contacté un nombre de groupes des droits de l’homme pour connaître leur opinion sur l’enquête. Seuls trois d’entre eux ont accepté de répondre. Deux ont tout simplement dit : «sans commentaire», et la Fédération internationales des journalistes a déclaré : «Il est regrettable d’indiquer encore une fois que la liberté d’expression est ridiculisé en Turquie».