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Abou Dhabi, médiateur audacieux de la normalisation entre Israël et la Syrie

Abou Dhabi médiatise une rencontre entre Ahmad el-Chareh et une délégation israélienne, signe d’ouverture syrienne malgré l’occupation du Golan. Les Émirats exploitent ce rôle pour accroître leur influence malgré les frappes israéliennes régulières. Cette initiative, controversée, vise une stabilisation régionale sous conditions économiques.

Le 8 juillet 2025, Abou Dhabi s’affirme comme un acteur clé dans les efforts de normalisation entre Israël et la Syrie, une initiative qui marque un tournant dans les relations régionales. Selon des informations relayées par des sources diplomatiques, le président par intérim syrien, Ahmad el-Chareh, a rencontré une délégation israélienne à Abou Dhabi, une première depuis la chute de Bachar el-Assad en décembre 2024.

Cette rencontre, orchestrée sous l’égide des Émirats arabes unis, témoigne d’une volonté d’ouverture de la part de Damas, malgré le contentieux persistant autour de l’occupation du Golan par Israël depuis 1967 et les frappes aériennes régulières israéliennes sur le territoire syrien. Ces frappes, qui ont visé des infrastructures militaires après la prise de pouvoir par Ahmed al-Chareh, visaient à neutraliser toute menace djihadiste mais ont également ravivé les tensions.

Les Syriens toujours hostiles à Israël

La visite d’Abdallah ben Zayed, ministre des Affaires étrangères des Émirats, à Damas en mai 2025, suivie de cette rencontre à Abou Dhabi, illustre une stratégie émiratie visant à capitaliser sur son rôle de médiateur régional. Les discussions auraient porté sur un « pacte de non-agression », une idée évoquée par l’émissaire américain Thomas Barrack lors de sa visite à Damas en mai, bien que l’annexion du Golan reste une ligne rouge pour Israël.

Le président par intérim syrien, pragmatique, semble prêt à envisager une détente, malgré les centaines de frappes israéliennes depuis décembre 2024 qui ont ciblé des sites liés à l’ancien gouvernement et à l’Iran. Cette ouverture surprend, compte tenu des destructions causées, mais s’explique par la volonté syrienne de se réinsérer dans la sphère arabe et de stabiliser son économie fragilisée.

Les Émirats, déjà acteurs des accords d’Abraham avec Israël en 2020, voient dans cette médiation une opportunité de renforcer leur influence, notamment face à l’Arabie saoudite, qui temporise sur la normalisation. Cependant, cette démarche suscite des critiques en Syrie, où la population reste majoritairement hostile envers Israël, accusé de profiter du chaos post-Assad.

Les opposants syriens dénoncent une trahison, tandis que les frappes israéliennes continuent, comme celle du 6 juillet près de Damas, qui a tué trois soldats. Malgré cela, Ahmed al-Chareh mise sur une approche réaliste, soutenu par les Émirats qui promettent des investissements pour reconstruire la Syrie, conditionnés à une paix régionale. Cette dynamique reflète un Moyen-Orient en pleine reconfiguration.