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Le Tony Blair Institute au cœur d’un projet controversé de reconstruction à Gaza

Le Tony Blair Institute est impliqué dans «The Great Trust», un projet controversé de reconstruction de Gaza visant à en faire une «Riviera», avec déplacement de 500 000 Palestiniens. Critiqué pour des soupçons de nettoyage ethnique, le plan a été partagé avec l’administration Trump. L'organisation dément une implication directe.

Le 7 juillet 2025, des révélations du Financial Times ont mis en lumière l’implication du Tony Blair Institute (TBI), dirigé par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, dans un projet de reconstruction controversé à Gaza, intitulé « The Great Trust ».

Ce plan, élaboré par deux hommes d’affaires israéliens avec le soutien du Boston Consulting Group (BCG), propose de transformer l’enclave palestinienne dévastée par plus de 20 mois de conflit en une zone économique et touristique, potentiellement une « Riviera » inspirée des ambitions de Donald Trump. Le projet inclut le déplacement de près de 500 000 Palestiniens, l’utilisation de jetons numériques basés sur la blockchain pour gérer les terrains publics, et une valorisation estimée à 324 milliards de dollars.

Un démenti partiel de la part de l'organisation

Des logos d’entreprises comme Tesla ou IKEA apparaissent dans les documents, bien que leur consentement reste flou. Le TBI, dont deux employés ont participé à des discussions informelles avec le BCG et des investisseurs israéliens, a tenté de se distancier, affirmant n’avoir joué aucun rôle dans la rédaction du plan. Un document interne, le « Gaza Economic Blueprint », suggère des idées comme des zones franches et des îles artificielles sur le modèle de Dubaï, mais sans mentionner explicitement le déplacement forcé, contrairement à la proposition initiale.

Cette implication soulève des questions sur les motivations de l’institut, créé pour promouvoir des solutions globales, alors que Tony Blair est critiqué pour son passé controversé, notamment son rôle dans l’invasion de l’Irak. Le projet a été transmis à l’administration Trump, qui envisage depuis février de faire de Gaza une zone sous contrôle américain, une idée alignée sur la vision de Trump d’une « Riviera du Moyen-Orient ».

La controverse s’amplifie avec les accusations de nettoyage ethnique, portées par des observateurs qui y voient une tentative de redessiner démographiquement Gaza sous couvert de développement. Le plan propose de confier la gestion des terres à un trust israélien jusqu’à ce que l’enclave soit « démilitarisée et déradicalisée », un point qui alimente les tensions avec les Palestiniens et les pays arabes.

Le BCG, après avoir suspendu sa collaboration avec la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) en mai pour des raisons d’éthique, nie toute implication officielle dans la modélisation financière, mais l’imbrication des acteurs laisse planer des doutes. Cette affaire intervient alors que les discussions sur l’après-guerre à Gaza s’intensifient, avec des propositions concurrentes, comme celle de la Ligue arabe rejetée par les États-Unis, qui privilégient une gouvernance palestinienne sans Hamas.

Le TBI et Blair, qui fut émissaire du Quartet pour le Proche-Orient de 2007 à 2015, n’ont pas officiellement commenté ces allégations au-delà d’un démenti partiel. Cependant, l’histoire de Blair, qui a été accusé de partialité pro-israélienne et de liens avec des figures controversées, laisse planer le doute.