La Commission européenne s’apprête à présenter, le 2 juillet, un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2040. Cet objectif doit orienter la trajectoire économique de l’Union pour les quinze prochaines années. La proposition initiale prévoit une baisse de 90 % des émissions par rapport à 1990, mais cet objectif divise profondément les États membres.
Manque de soutien
Selon une enquête réalisée par Politico auprès des 27 ministères de l’environnement et du climat de l’UE, seuls six pays soutiennent sans condition l’objectif de 90 %. Il s’agit du Danemark, de l’Espagne, de la Finlande, des Pays-Bas, du Luxembourg et de la Slovénie.
De l'autre côté, trois pays ont exprimé une opposition claire : la Pologne, la République tchèque et l’Italie. La Pologne a fait savoir que le chiffre proposé ne correspondait pas à la situation mondiale actuelle. L’Italie, de son côté, a suggéré d’envisager une cible revue à la baisse, située entre 80 % et 85 %. La République tchèque, quant à elle, s’est montrée « sceptique » vis-à-vis de l’objectif.
Sept pays, comme la Lituanie ou la Lettonie, ont indiqué qu’ils pourraient appuyer l’objectif de 90 % si certaines conditions étaient remplies. Ces demandes vont de modifications législatives à des considérations économiques ou géopolitiques. Par exemple, certains pays estiment que la proposition devrait mieux refléter les nouveaux défis apparus depuis l’adoption des premières politiques climatiques.
Neuf autres États membres, dont la France et l’Allemagne, se sont prononcés en faveur de l’utilisation de crédits carbone internationaux pour atteindre l’objectif. Quatre gouvernements n’ont pas répondu à la sollicitation de Politico, et sept autres ont refusé de détailler leur position, tout en évoquant des demandes de flexibilité.
La Commission mise sur les crédits carbone
Face à ces divergences, la Commission européenne envisage d’assouplir l’approche. D'après le quotidien américain, l’option la plus discutée est celle des crédits carbone internationaux. Ce mécanisme permettrait à l’Union de financer des projets de réduction d’émissions dans des pays tiers, par exemple, en remplaçant une centrale à charbon par un parc éolien et de comptabiliser ces réductions dans son propre bilan.
Grâce à ce système, l’UE pourrait compenser une partie des émissions qu’elle ne parviendrait pas à éliminer sur son propre territoire, tout en maintenant officiellement l’objectif global de 90 %. Ce type de mesure, bien qu’ayant suscité peu d’intérêt initialement, est devenu central dans les discussions depuis le printemps, selon Politico.
Jusqu’à présent, les objectifs climatiques européens, comme la réduction de 55 % des émissions d’ici 2030 ou la neutralité carbone d’ici 2050, reposaient uniquement sur des efforts réalisés au sein de l’Union. L’introduction de crédits internationaux représenterait un tournant, en rupture avec les principes adoptés jusqu’ici, toujours selon Politico.