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Rupture entre Donald Trump et Elon Musk: chronologie du scandale

Donald Trump et Elon Musk, longtemps alliés au sommet de la droite américaine, se livrent désormais à un affrontement public inédit. Menaces de représailles, accusations liées à l’affaire Epstein, effondrement de Tesla: la rupture a éclaté au grand jour, provoquant une série de réactions en cascade.

Donald Trump et Elon Musk formaient encore, il y a peu, un tandem inédit au sommet de la droite américaine. Le président avait confié au milliardaire américain une mission exceptionnelle à la tête du DOGE, le Département de l’efficacité gouvernementale, avec pour objectif de réduire les dépenses publiques. Nommé « employé spécial du gouvernement », Musk bénéficiait d’un statut inédit, agissant sans approbation du Congrès et intervenant directement dans les agences fédérales.

Le 29 mai, après 130 jours, Musk annonçait avec surprise son départ du DOGE. Officiellement, il retourne à plein temps chez Tesla, SpaceX et X (ex-Twitter). De son côté, Donald Trump republie son message d’adieu sans commentaire. L’ambiance est encore floue. Mais en réalité, la fracture est déjà là.

Quelques jours plus tard, Elon Musk attaque de front le « Big Beautiful Bill », le projet de loi budgétaire phare du président. Sur X, il le qualifie d’« abomination répugnante » et accuse la majorité républicaine de trahir leurs engagements de campagne. « Tuez le texte », écrit-il.

Musk dénonce notamment les coupes prévues dans les crédits d'impôt pour les véhicules électriques et l'énergie solaire, secteurs clés pour Tesla et SpaceX. Il critique également les subventions maintenues pour les énergies fossiles, avertissant des conséquences graves pour le secteur des énergies renouvelables et le marché de l'emploi.

Le milliardaire américain n'hésite d'ailleurs pas à rappeler sur X, le soutien et les centaines de millions de dollars qu'il a apporté à Donald Trump durant sa campagne électorale pour son retour à la présidence.

La dispute, d’abord idéologique, bascule rapidement.

Menaces, accusations et effondrement en Bourse

Le 5 juin, Donald Trump réagit publiquement pour la première fois: « Je suis très déçu par Elon. Je l’ai beaucoup aidé». Sur son réseau Truth Social, il lance une menace directe: « La meilleure façon d’économiser des milliards, c’est de supprimer les subventions d’Elon Musk ». Tesla, SpaceX, Neuralink et X sont donc visés. Quelques minutes plus tard, Elon Musk annonce que SpaceX « commencera immédiatement à désactiver sa capsule Dragon », pourtant indispensable aux missions spatiales de la NASA. Il reviendra cependant sur cette déclaration quelques heures plus tard.

Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Dans la soirée, Elon Musk publie un message explosif sur X: «Il est temps de lâcher la très grosse bombe: Donald Trump figure dans les dossiers Epstein. C’est la véritable raison pour laquelle ils n’ont pas été rendus publics. Bonne journée DJT ! ». Aucune preuve n’est apportée, mais l’accusation fait basculer le conflit dans une guerre ouverte.

La Maison Blanche a qualifié l’épisode de « regrettable ». Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a appelé à une enquête fédérale contre Musk, qu’il décrit comme un « étranger illégalement sur le sol américain » et accuse de « consommation excessive de drogues ». Le New York Times avait révélé auparavant qu’Elon Musk transportait une boîte contenant de la kétamine, de l’ecstasy et des champignons hallucinogènes.

Dans la foulée, Elon Musk republie un message sur X appelant à la destitution de Donald Trump, suggérant son remplacement par J.D. Vance.

Il publie aussi un sondage auprès de ses abonnés sur la création d’un nouveau parti politique. Plus de 80 % des 4 millions de répondants votent oui. 

Il ajoute ensuite, toujours sur X, que « les droits de douane de Trump provoqueront une récession au second semestre de cette année », renforçant ses avertissements sur les risques économiques du projet.

Le divorce a donc été acté.

En Bourse, l’impact se voit immédiatement: Tesla perd 14,2 % de sa valeur, soit plus de 150 milliards de dollars effacés en une seule séance selon Bloomberg. Elon Musk, personnellement, perd 34 milliards de dollars dans la journée, l’une des pires chutes individuelles jamais enregistrées.

Selon Politico, des conseillers de la Maison Blanche ont directement tenté de convaincre Donald Trump de calmer ses attaques publiques contre Musk afin d’éviter une escalade incontrôlable. Un appel téléphonique aurait été prévu entre les deux hommes ce 6 juin pour explorer une sortie de crise.

Réactions et échos à l’international

Plusieurs responsables républicains et acteurs économiques ont également réagi à cette rupture. Mike Johnson, président de la Chambre des représentants, a adressé plusieurs messages à Elon Musk pour apaiser la tension: « Elon est un ami. Ce n’est pas personnel, les divergences politiques ne doivent pas devenir personnelles ».

Bill Ackman, financier influent à Wall Street, a publié sur X: « Je soutiens à la fois Donald Trump et Elon Musk. Ils devraient faire la paix dans l’intérêt du pays. Nous sommes bien plus forts unis que divisés ». Un message auquel Musk a répondu: « Tu n’as pas tort ».

Du côté russe, deux personnalités ont réagi. Kirill Dmitriev, directeur du Fonds russe d’investissement direct, a publié sur X: « Pourquoi ne pourrions-nous pas simplement tous nous entendre ? ».

Dmitri Medvedev, pour sa part, a déclaré avec humour: « La Russie est prête à faciliter un accord de paix entre Trump et Musk… pour une somme raisonnable. Par exemple, quelques actions Starlink ».

L’alliance Donald Trump – Elon Musk, qui semblait incarner la puissance du bloc conservateur américain, a finalement implosé publiquement en l’espace de quelques jours. À coups de messages, de règlements de comptes et de menaces économiques, cette rupture expose les failles de l’administration Trump.