Cette semaine, d’immenses incendies précoces ont ravagé les provinces des Prairies canadiennes, mettant à rude épreuve les services d'urgence locaux et menaçant gravement la qualité de l'air dans l'Est de l'Amérique du Nord.
Les incendies les plus importants, celui de Bird River et celui de Border, échappent toujours à tout contrôle dans le nord du Manitoba. Dans cette seule province, environ 200 000 hectares ont déjà été consumés par le feu, soit trois fois la moyenne annuelle récente.
Plus de 17 000 personnes sont actuellement évacuées par voie aérienne par l'armée canadienne, certaines régions n’étant plus accessibles par route en raison des incendies. Le Premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a déclaré l'état d'urgence dans toute la province le 28 mai, suivi par son homologue de la Saskatchewan, Scott Moe, le 29 mai.
« Il s’agit de la plus vaste évacuation que le Manitoba ait connue de mémoire d’homme », a déclaré Wab Kinew lors d’une conférence de presse. « Pour la première fois, il ne s’agit pas d’un incendie localisé dans une seule région, mais d’incendies dans toutes les régions. Cela montre bien que le climat change et que nous allons devoir nous y adapter », a-t-il ajouté.
Les communautés autochtones de Saskatchewan sont particulièrement affectées. Certaines d'entre elles ont dû être totalement évacuées, parfois isolées par la fermeture des routes. Des images filmées par drone et diffusées par les médias montrent des flammes imposantes détruisant des maisons et des cabanes dans le nord de la Saskatchewan. L'Alberta, notamment ses zones pétrolières, subit également des évacuations et des perturbations de production.
Les images satellites de ces deux dernières semaines montrent des comportements extrêmes des incendies, y compris la formation inhabituelle de nuages pyrocumulus, de vastes colonnes de fumée et de chaleur qui s’élèvent si haut qu’elles créent leurs propres nuages, signe de feux particulièrement intenses capables de projeter de la fumée à grande altitude et sur de longues distances.
Chicago, Detroit et Washington menacés
Les prévisions météorologiques indiquent que la fumée va continuer de s’étendre vers les États-Unis, détériorant significativement la qualité de l'air dans des villes telles que Chicago, Detroit ou Washington DC. L'indice de qualité de l'air pourrait dépasser 150 (« rouge »), signalant une menace pour la santé de tous les habitants concernés.
Ces incendies sont alimentés par une sécheresse prolongée et des températures exceptionnellement élevées. Les saisons 2023 et 2024 avaient déjà battu des records historiques, marquées notamment par un épisode où New York avait connu en juin 2023, un ciel orangé dû à la fumée canadienne, rendant temporairement son air le plus pollué au monde.