« Il n’y a plus aucune restriction sur la portée des armes qui sont livrées à l’Ukraine, ni par les Britanniques, ni par les Français, ni par nous, ni par les Américains » a déclaré ce 26 mai le chancelier allemand Friedrich Merz, lors du Forum européen international organisé par la Westdeutscher Rundfunk Köln (WDR), un organisme public de radiodiffusion basé à Cologne, et qui se tient jusqu’au 28 mai.
« Cela signifie que l'Ukraine peut désormais se défendre, par exemple en attaquant des installations militaires en Russie », a-t-il ajouté, allant jusqu’à affirmer que contrairement à l’Ukraine, la Russie « attaque de manière absolument impitoyable des cibles civiles ». « Un pays qui ne peut faire face à un agresseur que sur son propre territoire ne se défend pas suffisamment » a-t-il par ailleurs justifié.
Des déclarations qui tranchent avec celles de son prédécesseur. Si l’Allemagne d’Olaf Scholz s’est hissée au second rang des soutiens militaires de Kiev, derrière les États-Unis, l’ex-chancelier allemand s’était montré prudent concernant l’autorisation – finalement faite – à Kiev de frapper en Russie. Autre point le distinguant de Merz : il avait opposé son refus catégorique de fournir à Kiev des missiles balistiques Taurus.
Merz « ouvert » aux livraisons de missiles Taurus
Ces armes, dont la portée peut atteindre 500 kilomètres, ont fait couler beaucoup d’encre dans la presse allemande – et britannique –, Olaf Scholz étant régulièrement interpellé quant à un éventuel feu vert de Berlin aux livraisons à l’Ukraine de ces missiles à longue portée.
Dans une interview à l’hebdomadaire Stern, publiée début novembre, Merz avait déclaré « rester ouvert » à la livraison à Kiev de ces armes, malgré les mises en garde russes. Le candidat à la chancellerie avait alors précisé que de telles livraisons pourraient s'effectuer « une semaine » après une levée conjointe des « limites de portée des armes existantes », si les « bombardements de la population civile » ne cessaient pas « dans les 24 heures ».
À la suite de ces propos, Merz avait assuré n’avoir adressé aucun « ultimatum » à Vladimir Poutine. Un mois après cette publication, il déclarait au quotidien Bild que Berlin pourrait fournir à Kiev – en coordination avec les États-Unis et les Européens – des missiles Taurus.
Armes à longue portée et mises en garde russes répétées
Le 12 mai, six jours après avoir été investi chancelier par le Bundestag, son gouvernement a annoncé mettre fin à toute communication publique concernant la livraison de matériel militaire à l’Ukraine, en particulier les missiles de croisière Taurus.
Moscou a mis en garde, à plusieurs reprises, que le tir sur la Russie d’armes à longue portée fournies à Kiev par les Occidentaux serait considéré comme une implication directe dans le conflit, mettant notamment en avant l’incapacité des Ukrainiens à opérer seuls ces armes. Vladimir Poutine avait également annoncé des « clarifications » de la doctrine nucléaire russe afin de permettre une riposte atomique en cas d’attaque de missiles.
Malgré tout, Joe Biden avait donné son feu vert à ces tirs dans la profondeur du sol russe à l’aide de missiles fournis par Washington. Dans la foulée, la Russie avait révélé son nouveau missile balistique hypersonique Orechnik lors d’un tir contre un site industriel militaire à Dniepropetrovsk. « Il y aura toujours une réponse » avait déclaré le 21 novembre le président russe, lors d’une adresse à la nation où il avait annoncé ce tir et évoqué de récents tirs en Russie de missiles ATACMS américain et de Storm Shadow franco-britanniques.