International

Le Trésor américain lève les sanctions contre la Syrie : espoirs et calculs géopolitiques

Le Trésor américain a levé les sanctions contre la Syrie le 23 mai, suscitant joie et espoirs économiques à Damas. Cette décision, visant à relancer l’économie, s’accompagne d’une pression de Donald Trump pour intégrer la Syrie aux accords d’Abraham. Les bénéfices attendus incluent des investissements massifs, mais des défis internes persistent.

Le 23 mai, le Trésor américain a formalisé la levée de toutes les sanctions contre la Syrie, une décision annoncée par Donald Trump lors de sa visite à Riyad le 13 mai. Cette mesure, saluée par Damas, marque un tournant pour un pays.

Cependant, elle s’inscrit dans une stratégie géopolitique où le président américain pousse la Syrie à rejoindre les accords d’Abraham pour normaliser ses relations avec Israël. La levée des sanctions, confirmée par le secrétaire au Trésor Scott Bessent, vise à encourager les investissements étrangers en Syrie.

Elle inclut une dérogation de 180 jours à la loi César, permettant aux partenaires internationaux d’exploiter le potentiel économique du pays. Cette décision répond aux pressions de l’Arabie saoudite et de la Turquie, qui soutiennent le nouveau régime syrien dirigé par Ahmed al-Chareh, président par intérim issu d’une coalition islamiste ayant renversé Bachar al-Assad en décembre 2024.

Vers une normalisation entre Damas et Tel Aviv

Lors de sa rencontre avec Donald Trump à Riyad, le nouveau dirigeant syrien a été exhorté à normaliser les relations avec Israël et à expulser les factions palestiniennes, conditions implicites pour maintenir le soutien américain. À Damas, l’annonce a déclenché une vague d’euphorie. Le ministre des Affaires étrangères, Assad al-Chaibani, a qualifié cette décision de « tournant décisif » pour réduire les « souffrances économiques et humanitaires » des Syriens, dont 90 % vivent sous le seuil de pauvreté selon l’ONU.

Sur la place des Omeyyades, des foules ont accueilli la nouvelle avec des feux d’artifice, alors que la livre syrienne s’est appréciée de 60 % face au dollar. Le ministre des Finances, Mohammed Yisr Barnieh, anticipe un afflux massif de capitaux, notamment du Golfe, pour relancer l’économie. Des entreprises européennes et régionales, spécialisées dans le ferroviaire et la fibre optique, ont déjà pris contact avec le régime pour des projets de reconstruction.

Les bénéfices économiques attendus sont significatifs. La levée des sanctions, qui bloquaient l’accès au système bancaire international et aux investissements étrangers, permettra de relancer le secteur pétrolier et les infrastructures du pays. L’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ayant déjà assoupli leurs sanctions, Damas espère attirer des financements pour reconstruire un pays exsangue.

Cependant, des défis persistent : les violences confessionnelles, notamment contre les minorités alaouites et druzes, et l’instabilité régionale compliquent la stabilisation. Derrière ce geste, les intentions de Donald Trump sont claires. En échange de la levée des sanctions, il cherche à intégrer la Syrie aux accords d’Abraham, signés en 2020 par plusieurs pays arabes pour normaliser leurs relations avec Israël.

Lors de sa rencontre avec le nouveau dirigeant du pays, le président américain a insisté pour que Damas rejoigne ce cadre, malgré les tensions persistantes avec Israël, qui occupe le Golan et bombarde régulièrement le territoire syrien. Ahmed al-Chareh a répondu que la normalisation serait envisagée une fois les « problèmes internes » résolus, une position prudente face aux exigences américaines.