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Municipales au Liban : le Hezbollah joue sa survie politique

Les élections municipales au Liban sont cruciales pour le Hezbollah, affaibli par sa défaite militaire face à Israël et contraint à la démilitarisation par le cessez-le-feu de 2024. Naïm Qassem appelle à une forte mobilisation électorale pour préserver l’influence du groupe. Il accuse notamment Israël de violations répétées.

À l’approche des élections municipales au Liban, le Hezbollah se trouve à un tournant décisif. Affaibli par sa défaite militaire face à Israël lors du conflit de 2023-2024, le mouvement chiite doit désormais démontrer sa résilience politique pour préserver son influence.

Les élections, prévues les 25 et 31 mai dans le Sud-Liban, la Bekaa, Baalbek-Hermel et Nabatieh, sont un test crucial pour le groupe, contraint d’accepter la démilitarisation et les clauses du cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024. Dans un discours télévisé le 23 mai, le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Qassem, a appelé ses partisans à voter massivement pour démontrer la solidité de leur base chiite.

Un Hezbollah affaibli, mais toujours présent ?

« Le Hezbollah reste une force incontournable. Nous avons adhéré à 100 % aux termes du cessez-le-feu, facilitant le déploiement de l’armée libanaise au Sud », a-t-il déclaré, tout en accusant Israël d'avoir violé l’accord « plus de 3 500 fois » par des frappes aériennes et des incursions.

Naïm Qassem a insisté sur la nécessité de maintenir la « résistance » face à l’« agression israélienne », tout en évitant de mentionner explicitement la démilitarisation imposée par l’accord, qui exige le retrait des forces du Hezbollah au sud du fleuve Litani. Il a également critiqué le gouvernement libanais pour son « inaction » face aux violations israéliennes, exhortant à une pression diplomatique accrue auprès de l’ONU et des États-Unis.

La guerre de 14 mois contre Israël a laissé le Hezbollah en position de faiblesse. La perte de son ancien chef, Hassan Nasrallah, et de nombreux cadres, ainsi que la destruction de 90 % de son infrastructure militaire au Sud, selon des sources libanaises, ont ébranlé l’organisation.

Le cessez-le-feu, basé sur la résolution 1701 de l’ONU, impose au Hezbollah de céder le contrôle militaire du Sud à l’armée libanaise et à la Finul. Une mesure que Naïm Qassem qualifie de « conforme à la souveraineté libanaise », tout en soulignant que « la résistance ne peut être désarmée par la force ».

Cette rhétorique vise à maintenir la cohésion de ses partisans, malgré les pressions internes et internationales pour un désarmement complet. Les municipales, les premières depuis le cessez-le-feu, sont perçues comme un baromètre de l’influence du Hezbollah. Malgré sa défaite militaire, le groupe conserve un poids politique grâce à ses 30 parlementaires, partagés avec son allié Amal, et à une base électorale fidèle, représentant 45 % des voix lors des dernières législatives.

Cependant, la désillusion croît parmi les chiites, touchés par la destruction des zones qu’ils habitent et l’incapacité du Hezbollah à mener la reconstruction. Naïm Qassem a appelé à une mobilisation pour « montrer que le Hezbollah est toujours là », tout en promettant de collaborer avec l’État pour la reconstruction.