International

La Pologne aux urnes : bataille pour l’après-Duda

La Pologne vote ce 18 mai pour élire le successeur d’Andrzej Duda. Favori des sondages, Rafał Trzaskowski, candidat pro-européen soutenu par Donald Tusk, affronte notamment Karol Nawrocki, conservateur adoubé par le PiS, et l’ultranationaliste Sławomir Mentzen. Une élection décisive pour l’avenir politique et institutionnel du pays.

Ce 18 mai, les Polonais se rendent aux urnes pour le premier tour de l'élection présidentielle, un scrutin décisif qui pourrait redéfinir l'orientation politique du pays. Treize candidats sont en lice pour succéder à Andrzej Duda, président sortant du parti Droit et Justice (PiS), qui ne peut se représenter après deux mandats.

D’après les derniers sondages, trois figures se dégagent comme favorites.

Trzaskowski, le pro-européen en quête de revanche

Crédité d'environ 30 % des intentions de vote, le maire libéral de Varsovie, Rafał Trzaskowski, est candidat de la Coalition civique, soutenu par le Premier ministre Donald Tusk. Il avait perdu de justesse face à Andrzej Duda lors de la dernière présidentielle, il y a cinq ans.

Pro-européen, il prône une coopération renforcée avec l'Union européenne. Il est perçu comme le candidat le plus favorable à l’Ukraine, bien qu’il ait promis de réduire certaines aides sociales aux ressortissants ukrainiens.

Nawrocki, le candidat du PiS contre l’agenda européen

Karol Nawrocki, historien soutenu par le parti Droit et Justice (PiS) et défendant un programme conservateur et nationaliste, arrive en deuxième position dans les sondages avec environ 25 % des intentions de vote.

Ancien président de l'Institut de la mémoire nationale, il s’oppose fermement à ce qu’il qualifie d’idéologies de gauche, et critique les politiques migratoires et climatiques de l’UE. Karol Nawrocki rejette l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN, et refuse toute aide financière aux réfugiés, tout en soutenant l’aide militaire à Kiev.

Mentzen, le tribun numérique de la droite identitaire polonaise

Slawomir Mentzen, économiste issu du parti nationaliste Confédération Liberté et Indépendance, occupe actuellement la troisième place. Il est connu pour ses positions radicales contre l'Union européenne et les droits des minorités. Il est crédité d'environ 12 % des intentions de vote.

Très présent sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, il critique vivement les régulations européennes sur les émissions automobiles et le chauffage résidentiel, qu’il estime contraires à la souveraineté polonaise. Il s’oppose également à la politique d’accueil des réfugiés, qu’il accuse de peser sur les ressources publiques.

L’Ukraine s’invite dans les urnes polonaises

Cette élection est perçue comme un test pour le gouvernement pro-européen de Donald Tusk, qui a remporté les législatives de 2023. Le président polonais dispose d'un pouvoir de veto sur les lois, ce qui peut entraver ou faciliter les réformes, notamment celles concernant l'indépendance de la justice, les droits des femmes et les relations avec l'Union européenne.

Par ailleurs, l’opinion publique polonaise vis-à-vis des réfugiés ukrainiens a fortement évolué ces derniers temps. Selon plusieurs médias, de plus en plus de Polonais souhaiteraient leur retour dans leur pays. Cette question s’est imposée comme un thème majeur dans les campagnes des principaux candidats.

Les résultats préliminaires officiels sont attendus le 19 mai, mais les premières estimations de sortie d’urne pourraient être publiées dès la fermeture des bureaux de vote, prévue à 21h ce 18 mai. Si aucun candidat n'obtient plus de 50 % des voix au premier tour, un second tour aura lieu le 1er juin entre les deux candidats arrivés en tête.