Après la panne électrique massive qui avait plongé la péninsule ibérique dans le noir le 28 avril dernier, le Portugal a décidé de porter l’affaire devant la Commission européenne pour faire pression sur la France, afin que celle-ci accélère l’établissement des liaisons électriques transfrontalières, rapporte le quotidien économique britannique Financial Times. Les autorités portugaises accusent la France de retards dans la mise en place de nouvelles connexions, accentuant la vulnérabilité de la péninsule ibérique aux pannes électriques.
Les autorités espagnoles peinent encore à déterminer les causes du black-out. Mais des experts, cités par le Financial Times, estiment que davantage de liaisons électriques avec la France auraient permis à l'Espagne de s'intégrer à un réseau plus vaste et plus robuste, plus à même de résister aux chocs initiaux, ce qui ravive les tensions de longue date avec la France portant sur les interconnexions pour les échanges d'électricité, explique le quotidien.
La France est un « obstacle » au marché électrique de l'UE
Le Financial Times a rapporté les déclarations de la ministre portugaise de l'Énergie, Maria da Graça Carvalho, qui a pointé l'insuffisance des interconnexions entre la France et l'Espagne qu'elle considère comme un « obstacle » au marché intérieur de l'UE, une situation qui accorde à Bruxelles le pouvoir d'intervenir, selon le droit européen.
La ministre a annoncé la décision d’impliquer « le président de la Commission européenne sur ce sujet afin de garantir notre intégration et notre entraide pour résoudre les problèmes », soulignant qu’il s’agit d’« une question européenne, pas une question entre les trois pays ».
De son côté, le gouvernement espagnol accuse la France depuis plusieurs décennies de faire obstacle à l'élargissement des connexions électriques entre les deux pays. Les autorités françaises sont soupçonnées, dans ce contexte, de vouloir protéger le marché de l’électricité nucléaire française d'un afflux des énergies solaire et éolienne à faible coût en provenance d’Espagne.
Le ministre français de l'Énergie a refusé de commenter l’affaire.
Faire pression sur la France
La Commission européenne avait décrété en 2015 que l'UE devait se doter d'un marché de l'énergie pleinement intégré. Cet objectif n'a pas encore été atteint, a précisé le Financial Times. Pour remédier à ce retard, la ministre portugaise de l’Énergie a déclaré qu’« en cas de violation du marché intérieur, la Commission européenne peut agir ». De ce fait, « nous devons l'envisager comme une question relevant du marché intérieur, car c'est là que la Commission européenne peut faire pression sur la France pour qu'elle accélère cette interconnexion », a-t-elle ajouté.
Le Portugal doit actuellement composer avec une bataille juridique avec la France tout en limitant ses importations d'électricité espagnole après la panne, par mesure de « précaution », se retrouvant avec des coûts plus élevés de la facture électrique.