L’ouverture du Festival de Cannes 2025 s’est déroulée ce 13 mai dans une ambiance lourde de politique et d’émotion. L’événement, reconnu pour son faste et ses paillettes, a cette année choisi de mettre en avant des causes brûlantes plutôt que les seuls projecteurs du cinéma.
Robert De Niro, invité d’honneur, a reçu une Palme d’or honorifique des mains de Leonardo DiCaprio. Dans un discours sans détours, il a dénoncé les attaques contre la culture supposément orchestrées par le président américain Donald Trump. Il a dénoncé la volonté de ce dernier d’imposer des droits de douane de 100 % sur les films produits à l’étranger. De Niro a ajouté : « Ce n’est pas seulement un problème américain, c’est un problème mondial ». Il a également appelé le public à « s'organiser et protester ».
Juliette Binoche, présidente du jury, a elle aussi prononcé un discours très politique. Elle a rendu hommage à la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, tuée en avril par un bombardement israélien avec dix membres de sa famille, peu après la sélection de son documentaire à Cannes. « Elle aurait dû être parmi nous ce soir », a-t-elle déclaré. Le film dans lequel apparaissait Hassouna, « Put Your Soul on Your Hand and Walk », est projeté dans la section indépendante. Juliette Binoche a cité un poème de la journaliste avant de dénoncer la guerre à Gaza, la misère et le climat de haine.
Une prise de position collective du monde du cinéma
Une lettre publiée dans Libération et reprise par France 24 a également marqué le début du festival : plus de 380 personnalités du cinéma, dont Richard Gere et Pedro Almodóvar, ont dénoncé le silence de leur milieu face aux bombardements à Gaza, déclarant : « Nous ne pouvons rester silencieux alors qu’un génocide est en cours ».
Laurent Lafitte, maître de cérémonie, a lancé la soirée avec un appel à l’engagement, en citant plusieurs artistes ayant pris position publiquement, de James Stewart à Adèle Haenel.
Entre controverses vestimentaires et prestige symbolique
La présidente du jury, entourée notamment de Halle Berry et Jeremy Strong, a aussi dû composer avec les polémiques du moment. La mise en place d’un nouveau code vestimentaire interdisant les tenues trop révélatrices a suscité la controverse. Plusieurs célébrités ont contourné ces restrictions, tandis que d’autres, comme Halle Berry, ont dû changer de tenue à la dernière minute.
Le tapis rouge a vu défiler les figures emblématiques du festival, de Sean Baker à Quentin Tarantino, ce dernier déclarant Cannes « officiellement ouvert » dans une mise en scène spectaculaire. Mais cette année, les projecteurs étaient plus tournés vers les discours que vers les films. Même la sélection du film d’ouverture, « Partir un Jour » d’Amélie Bonnin, est passée au second plan.
La guerre à Gaza, les tensions politiques aux États-Unis, les menaces économiques sur l’industrie du cinéma : Cannes s’est imposé, en ce mois de mai, comme un théâtre mondial où l’art s’exprime en résistance. Le ton est donné pour les onze jours à venir.