À l’heure où les équilibres géopolitiques vacillent, Londres et Bruxelles s’apprêtent à franchir une étape historique vers un rapprochement stratégique sans précédent depuis le Brexit. Selon des documents confidentiels cités par The Sunday Times, un accord sur la sécurité et la défense sera présenté cette semaine. Cette initiative marque un virage majeur dans les relations euro-britanniques, longtemps gelées par les séquelles de la rupture.
Le pacte, décrit comme « unique » et « décisif » dans un contexte d’instabilité mondiale croissante, vise à permettre une coordination militaire renforcée. Le Royaume-Uni pourrait, à ce titre, prendre part aux opérations de gestion de crise de l’UE, voire contribuer à des missions conjointes de maintien de la paix. Les deux parties s’engagent également à fluidifier la mobilité des troupes et du matériel militaire à travers le continent.
Outre l’aspect militaire, l’accord prévoit des consultations semestrielles sur des sujets « d’intérêt commun », allant de la Russie aux Balkans occidentaux, en passant par l’Asie orientale. Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy devrait participer à ces échanges, aux côtés de la Haute Représentante de l’UE, Kaja Kallas.
L’accord prévoit aussi un mécanisme d’invitation du Royaume-Uni à certaines réunions internes de l’UE, y compris celles du Conseil européen, sans pour autant lui accorder un accès automatique au nouveau fonds de réarmement européen de 150 milliards d’euros. Toute participation sera conditionnée à des négociations ultérieures et à une contribution financière de Londres.
L'article note que le préambule de l’accord fait écho aux bouleversements provoqués par les actions du président américain Donald Trump, qui ont profondément redéfini la sécurité du Vieux Continent. De plus, ce rapprochement euro-britannique, scellé lors d’un sommet prévu à Londres, pourrait également ouvrir la voie à de nouvelles ententes sur la mobilité des jeunes et les échanges énergétiques, tout en facilitant la reprise des exportations agroalimentaires britanniques vers l’UE.
Le Brexit, entériné par le référendum du 23 juin 2016, a marqué la sortie historique du Royaume-Uni de l’Union européenne après plus de quarante ans d’appartenance. Motivé par des préoccupations liées à la souveraineté nationale, à la maîtrise des frontières et à la législation européenne, ce choix a provoqué une onde de choc à travers le continent. Les négociations qui ont suivi, longues et complexes, ont abouti en 2020 à un accord de retrait, scellant la fin de la libre circulation des biens, des personnes et des services entre les deux blocs. Cette rupture a profondément affecté les relations diplomatiques, économiques et institutionnelles, isolant le Royaume-Uni de nombreux mécanismes communs européens.