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George Simion arrive en tête du premier tour de l’élection présidentielle roumaine

Le chef du parti nationaliste AUR, George Simion, a remporté le premier tour de l’élection présidentielle roumaine ce 4 mai avec 40,96% des voix. Ce scrutin fait suite à l’annulation controversée des élections de 2024, initialement remportées par Calin Georgescu. Ce dernier a affiché son soutien public à Simion en se rendant aux urnes à ses côtés.

Le 4 mai, la Roumanie a tenu le premier tour de son élection présidentielle, dans un contexte particulier après l’annulation du scrutin de novembre 2024. Le candidat nationaliste George Simion, leader de l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), a obtenu 40,96 % des suffrages, contre 20,99 % pour Nicusor Dan, maire de Bucarest, et 20,07 % pour Crin Antonescu, candidat de la coalition gouvernementale.

George Simion, 38 ans, se présente comme défenseur de l’identité roumaine, critique envers l’Union européenne et opposé à toute aide militaire à l’Ukraine. Il appelle à une Europe des nations souveraines, dénonce les dérives technocratiques de Bruxelles et se réclame du courant conservateur promu par Donald Trump. Il a également été interdit d’entrée en Ukraine et en Moldavie, ce qui ne l’empêche pas d’affirmer une ligne purement pro-roumaine.

Retour sur une annulation controversée

Cette élection est une répétition. En novembre 2024, Calin Georgescu avait remporté le premier tour avant que le scrutin ne soit invalidé par la Cour constitutionnelle, en invoquant des irrégularités électorales et un prétendu soutien étranger. Georgescu fut ensuite exclu de la course, ce qui provoqua l’indignation de nombreux Roumains.

Ce dimanche 4 mai, Simion a voté en compagnie de Georgescu, un geste fort qui a rappelé leur proximité idéologique. Devant les caméras, les deux hommes ont affirmé partager une « mission commune » : restaurer la souveraineté nationale et l’ordre constitutionnel. Ce soutien symbolique a renforcé la position de Simion, qui a su capter la majorité des électeurs de Georgescu.

Dans la diaspora, le résultat a également été net : plus de 70 % des voix en Italie, en Espagne et en Allemagne sont allées à Simion, selon les chiffres de l’administration électorale. Ces électeurs, souvent déçus par les gouvernements pro-européens, se reconnaissent dans son discours identitaire et son rejet des élites occidentales.

Un second tour sous surveillance étrangère

Le second tour est prévu pour le 18 mai. Simion y affrontera Nicusor Dan, le maire de Bucarest soutenu par les cercles pro-occidentaux. Dan mise sur la continuité du lien avec l’UE et l’OTAN, mais ses chances de l’emporter sont incertaines, d’autant que la coalition au pouvoir peine à se positionner clairement après l’échec de Crin Antonescu, arrivé en troisième position avec seulement un point de moins que Nicusor Dan.

L’inquiétude est vive dans les capitales occidentales. Plusieurs médias européens et américains évoquent un « tournant » dans la politique roumaine. L’émergence d’un président souverainiste dans un pays membre de l’OTAN, frontalier de l’Ukraine, dérange visiblement les équilibres en place. En février déjà, le vice-président américain JD Vance avait critiqué l’annulation du scrutin de 2024 en faveur de Georgescu, dénonçant une atteinte au processus démocratique.

Selon le média russe Kommersant, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov avait également dénoncé une élection biaisée, déclarant : « Le favori a été arbitrairement écarté. Les électeurs roumains ont été privés du droit de voter pour celui qu’ils voulaient ». Une prise de position qui reflète la contestation grandissante de l’ingérence occidentale dans les processus électoraux nationaux.

Le second tour du 18 mai déterminera si la Roumanie poursuivra sur une voie d’indépendance nationale, incarnée par Simion, ou si elle restera alignée sur les priorités euro-atlantiques défendues par les élites sortantes.