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Israël frappe massivement la Syrie : des raids d'une violence inédite, de Damas à Lattaquié

Une série de frappes israéliennes d'une intensité inédite a visé dans la nuit du 2 au 3 mai plusieurs régions de Syrie, de la capitale Damas à l'ouest et au sud du pays. Un civil a été tué, selon les autorités syriennes. La chaîne libanaise Al Manar évoque le raid le plus puissant jamais mené sur le territoire syrien.

Israël a mené dans la nuit du 2 au 3 mai une série de frappes aériennes coordonnées sur plusieurs régions syriennes, marquant un nouvel épisode dans l'escalade régionale. D’après l’agence officielle syrienne Sana, des missiles israéliens ont touché des sites à Harasta, dans la banlieue de Damas, tuant au moins un civil.

Au même moment, des frappes ont également été signalées dans la région de Hama, sur la côte méditerranéenne à Lattaquié, ainsi que dans la province méridionale de Deraa, déjà théâtre de tensions récurrentes. Aucun bilan militaire précis n’a encore été confirmé par les autorités syriennes ou israéliennes.

Selon Al Manar, un média affilié au Hezbollah libanais, il s’agirait du « raid le plus puissant de l’histoire de la Syrie », tant par son intensité que par l’étendue géographique des cibles visées. Israël n’a pas commenté l’opération dans l’immédiat, mais le 2 mai, à l'aube, Tel Aviv avait annoncé avoir effectué un bombardement près du palais présidentiel d'Ahmed al-Charaa, en guise d'avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie. Ce que la présidence syrienne a qualifié de « dangereuse escalade ».

Cette escalade soulève de nouvelles inquiétudes quant à un possible embrasement régional, alors que les fronts restent actifs à Gaza, au Liban-Sud, et que les tensions s’aiguisent entre Israël et l’Iran.

Tensions communautaires et condamnations internationales

Dans la foulée de ces frappes, l'armée israélienne a affirmé s’être « déployée dans le sud de la Syrie », officiellement pour protéger la communauté druze de la région. Cette déclaration, inédite dans sa forme, alimente les spéculations sur un éventuel changement de doctrine d’Israël, qui passe de frappes ponctuelles à une présence militaire plus directe au sol, même si les détails de ce déploiement restent flous.

Ce développement a immédiatement suscité de vives réactions sur la scène internationale. L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie a appelé Israël à cesser « immédiatement » ses attaques contre le territoire syrien, dénonçant une violation claire de la souveraineté nationale et du droit international.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a également condamné la violation par Israël de la souveraineté de la Syrie, notamment la dernière frappe aérienne près du palais présidentiel à Damas. « Il est essentiel que ces attaques cessent et qu'Israël respecte la souveraineté, l'unité, l'intégrité territoriale et l'indépendance de la Syrie », a-t-il souligné par la voix de son porte-parole.

Par ailleurs, plusieurs pays de la région, dont le Qatar et l’Arabie saoudite, ont vivement condamné les « agressions flagrantes de la souveraineté syrienne », appelant Israël à cesser ses attaques.

Alors que la Syrie reste en grande partie morcelée entre zones sous contrôle du gouvernement, enclaves kurdes et territoires encore instables, cette montée en puissance israélienne inquiète: elle pourrait faire basculer certains équilibres précaires, notamment dans le sud syrien, où convergent les intérêts d’Israël, de la Jordanie, du Hezbollah, des forces pro-iraniennes et plus récemment de la Turquie.