Le classement du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) comme « extrémiste de droite avérée » par l’Office fédéral de protection de la constitution (BfV) ce 2 mai, a vivement fait réagir en Allemagne ainsi qu’au-delà des frontières du pays.
« Ce n'est pas de la démocratie, c'est de la tyrannie déguisée», a notamment réagi le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, dans un message posté sur X, appelant les autorités allemandes à faire « marche arrière ». « Interdire l'AfD centriste, le parti le plus populaire d'Allemagne, serait une attaque extrême contre la démocratie » a déclaré une dizaine de minutes plus tard, Elon Musk.
« Apparemment, la CDU/CSU, le SPD et d'autres partis allemands considèrent ceux qui ont des cotes plus élevées comme des extrémistes » avait commenté plus tôt, également sur la plateforme américaine, le vice-président du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev. L’ex-président russe a notamment rappelé que le parti AFD était arrivé en deuxième position lors des législatives anticipées du 23 février.
D’après le BfV, l’idéologie de l’AfD « dévalorise des groupes entiers de la population en Allemagne et porte atteinte à leur dignité humaine », ce qui n’est « pas compatible avec l’ordre démocratique » du pays.
Dénonçant un « coup dur pour la démocratie allemande » et une décision « motivée politiquement », les chefs de l’AfD, Alice Weidel et Tino Chrupalla, ont déclaré dans un communiqué que leur formation politique « continuerait à se défendre juridiquement contre ces diffamations dangereuses pour la démocratie ».
Des élus de gauche appellent à faire interdire l’AfD
Dans la foulée de cette annonce, plusieurs élus y ont vu une ouverture pour faire interdire le parti. Les « ennemis de la démocratie » doivent être « combattus avec tous les moyens politiques et juridiques disponibles jusqu'à ce que le danger pour notre démocratie libérale soit écarté », a ainsi déclaré au quotidien Handelsblatt le député du Parti social-démocrate (SPD) Ralf Stegner. « Pour moi, c’est clair : l’interdiction doit arriver », a déclaré la vice-présidente fédérale du SPD, Serpil Midyatli, citée par la presse allemande.
« Il n'existe aucun automatisme » après ce classement, a pour sa part assuré Nancy Faeser, chef du ministère fédéral de l’Intérieur, le ministère de tutelle du BfV. Si la ministre - elle-même membre du SPD - estime qu’une procédure d'interdiction visant l’AfD ne doit « pas être exclue », celle-ci « a, pour de bonnes raisons, des obstacles constitutionnels très élevés ».
Cité par Bild, le chancelier Olaf Scholz, qui doit céder sa place à Friedrich Merz d’ici quelques jours, a mis en garde contre une « décision précipitée », les juges suprêmes ayant déjà rejeté les demandes récentes d’interdiction.