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Affirmations de Trump sur la Seconde Guerre mondiale : «il est temps d'introduire la culture historique à la Maison Blanche», estime un député russe

Le président américain a annoncé son intention de rebaptiser «Jour de la Victoire» les 8 mai et 11 novembre, affirmant notamment que les États-Unis avaient «contribué plus que tout autre pays» à la victoire la Seconde Guerre mondiale. Une sortie qui a fait réagir en Russie.

« Nombre de nos alliés et amis célèbrent le 8 mai comme le Jour de la Victoire. Pourtant avons contribué plus que tout autre pays à l’issue victorieuse de la Seconde Guerre mondiale ». Dans un message publié sur Truth Social, dans la nuit du 1er au 2 mai, Donald Trump a annoncé qu'il rebaptisait « le 8 mai, Jour de la Victoire pour la Seconde Guerre mondiale et le 11 novembre, pour la Première Guerre mondiale ».

Le 11 novembre, férié aux États-Unis contrairement au 8 mai, portait jusqu'à présent le nom de « Jour des Vétérans » afin d’honorer tous les anciens combattants.

« Nous avons remporté les deux guerres, personne ne nous a égalés en termes de force, de bravoure ou de génie militaire, mais nous ne célébrons jamais rien. C'est parce que nous n'avons plus de dirigeants qui savent comment le faire! » a ajouté le 47e président des États-Unis avant d’assurer : « nous allons recommencer à célébrer nos victoires! ».

« Merci pour votre aide, mais il est bien connu que c'est le peuple soviétique qui a vaincu l'Allemagne hitlérienne, libérant le monde du joug du nazisme. C'est une vérité incontestable », a notamment réagi auprès de l’agence d'informations russe TASS Natalia Nikonorova, membre du Comité des affaires internationales du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe).

« De telles déclarations sont perçues positivement par les Américains »

Selon elle, ces propos de Trump sont exclusivement destinés à l’opinion américaine. « Ce n'est un secret pour personne qu'être le premier en tout est semblable à un culte en Amérique » a-t-elle étayé avant de poursuivre : « de telles déclarations sont donc perçues positivement par les Américains, qui ont une mentalité quelque peu narcissique ».

« Il est temps de commencer à donner des cours d’histoire à la Maison Blanche », a pour sa part raillé le Président du Comité de la Douma (chambre basse du Parlement russe) pour les affaires internationales, Léonid Sloutsky. « Il a immédiatement ignoré le fait internationalement reconnu que la guerre la plus sanglante de l'histoire de l'humanité s'est terminée le 2 septembre 1945 » a ajouté le député et leader du Parti libéral-démocrate, également auprès de TASS.

Le vice-président de la Douma, Boris Tchernychov, a quant à lui, estimé que ce n’était « pas seulement les politiciens » qui devaient se prononcer sur cette décision de Trump, mais également « les scientifiques et les vétérans ». « La seule réponse concrète que nous pouvons apporter – et nous la proposons comme initiative – est d'organiser une conférence conjointe russo-américaine ou internationale, à laquelle des représentants américains seront invités, sur la préservation de la vérité historique », a-t-il poursuivi.

Des pertes humaines peu comparables

« L’Armée rouge et le peuple russe ont certainement conduit les forces armées d’Hitler à leur défaite finale et ont gagné l’admiration durable du peuple des États-Unis » a posté sur Telegram la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, citant l’extrait d’une lettre du président américain Franklin Roosevelt adressée en février 1943 à Joseph Staline.

« Les troupes russes ont détruit — et continuent de détruire — plus de forces, d'avions, de chars et de canons de notre ennemi commun que toutes les autres Nations Unies réunies » écrivait-il dès avril 1942, avant même la bataille de Stalingrad considérée comme le tournant du conflit sur le continent européen.

Selon les données et estimations, la Seconde Guerre mondiale a coûté la vie à 27,4 millions de Soviétiques, 8,7 millions d’Allemands, 567 000 Français, 451 000 Britanniques et 418 500 Américains. D’un point de vue purement militaire, face aux forces de l’Axe sur le théâtre européen, l’Union soviétique a essuyé 88 % des pertes des Alliés, suivie par celles du Royaume-Unis (3 %), de la France (2,3 %) et des États-Unis (2,2 %).

La tendance n’est pas la même sur le théâtre du Pacifique, où les Américains subissent entre 1941 et 1945 une grande partie des pertes militaires alliées face à la marine impériale japonaise. Sur le continent, sur l'ensemble du conflit, la Chine demeure la plus meurtrie par l'armée nipponne.