Le problème, selon Bachar el-Assad, est dû au fait qu’une large partie de combattants armés et de bandes terroristes en Syrie sont des mercenaires étrangers, que les Etats-Unis et leurs alliés de la région du golfe Persique désirent ardemment inclure dans le processus de négociation.
«Opposition est un terme politique, pas militaire. Ainsi, parler du concept ne veut pas dire le pratiquer, parce que pour l’instant nous avons vu que certains pays, y compris l’Arabie saoudite, les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux, voudraient que certains groupes terroristes se joignent aux négociations. Ils veulent que le gouvernement syrien négocie avec les terroristes, c’est quelque chose qu’aucun pays n’accepterait», a estimé le dirigeant.
Dans le même temps, M. Assad a réaffirmé que son gouvernement était toujours ouvert aux négociations avec l’opposition réelle, mais a souligné qu’elle doit tout d’abord être définie.
«Une opposition, pour le monde entier, ce n’est pas des combattants», a-t-il expliqué. Le président a rappelé que Damas était déjà engagé dans un dialogue avec certains groupes armés, pas des organisations, pour qu’ils déposent leurs armes en échange de l’«amnistie du gouvernement» et de la chance de retrouver une «vie normale».
«C’est la seule voie pour traiter avec les combattants en Syrie. Lorsqu’ils veulent changer d’approche, déposer les armes, nous sommes prêts, alors que négocier avec eux en tant qu’entité politique, nous refusons catégoriquement de le faire», a clarifié le dirigeant syrien.
L’accord sur une résolution pacifique à la crise, d’après le président Assad, ne peut être atteint qu’avec «une vraie opposition patriotique et politique», qui est liés à la Syrie, «mais pas à un autre Etat ou régime du monde».
Plus de 100 nationalités en Syrie se sont unies avec le gouvernement dans leur lutte contre les extrémistes, y compris l’Etat islamique, Al-Qaïda et son affilié le Front al-Nosra. Combattre ces groupes djihadistes à long terme exige de la concentration sur la lutte contre l’idéologie des combattants wahhabites, a ajouté Bachar el-Assad.
«Cette idéologie a été instillé dans l’esprit des gens ou de la société dans le monde musulman depuis des décennies, par les institutions wahhabites, par l’argent de l’Arabie saoudite qui a été dépensé pour soutenir une idéologie sombre et pleine de ressentiment», a-t-il expliqué. Pour le dirigeant, c’est l’Arabie saoudite et le Qatar qui sont les «principaux responsables des atrocités de Daesh».
A court terme, les efforts visant combattre Daesh, selon le président syrien, doivent être concentrés sur la neutralisation des voies d’approvisionnement des djihadistes et de leur financement le long de la frontière turque. «Résoudre le problème signifie arrêter l’afflux de terroristes, notamment via la Turquie en Syrie et en Irak, et bien sûr stopper les transferts d’argent et d’armes… arrivant à ces terroristes par la Turquie», a-t-il poursuivi.
Dans cette interview, Bachar el-Assad a aussi confirmé l’authenticité des données fournies par le Russie concernant le trafic de pétrole de Daesh, expliquant que le pétrole exploité de manière illégale n’avait pas d’autre endroit où aller, si ce n’est la Turquie.
La plupart des gisements de pétrole en Syrie sont situés dans la partie nord du pays. S’ils veulent l’exporter vers l’Irak, ce serait impossible parce que tout le monde en Irak combat Daesh. En Syrie, c’est la même chose. Au Liban, c’est trop loin. La Jordanie au sud est aussi très loin. Ainsi, la seule bouée de sauvetage pour l’Etat islamique c’est la Turquie. Ces camions transportent du pétrole de la Syrie en Turquie et la Turquie vend ce pétrole à bon marché au reste de la planète», a-t-il répondu.
Ainsi, le dirigeant syrien a conclu que si l’on continue à faire pression sur la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, «le conflit se terminera certainement en moins d’un an», vu que l’armée syrienne fait des progrès impressionnants au sol.
En commentant la campagne aérienne de la Russie visant les terroristes en Syrie, Assad a attribué son succès à la coordination avec les forces syriennes sur le terrain. Il a aussi expliqué pourquoi Washington a échoué à livrer un résultat similaire.
«Il faut combattre Daesh sur le terrain, et c’est pourquoi lorsque les Russes sont venus et ont commencé à participer à la guerre contre le terrorisme, les succès enregistrés par les armées russe et syrienne après quelques semaines seulement étaient plus nombreux que ceux des alliés après plus d’une année de bombardements», a-t-il souligné.
Une autre raison pour la faillite des Etats-Unis sur le terrain, consiste, d’après le président syrien, à leur soutien indirect accordé aux extrémistes. «En fait [la coalition international menée par Washington] n’a atteint aucun objectif… parce qu’elle soutenait Daesh, peut-être indirectement, parce qu’ils ont réussi à progresser et plus de recrues sont venus les renforcer».
Le leader syrien a aussi accusé les Etats-Unis de leur manque de volonté à combattre le terrorisme. Dans le même temps, il a critiqué l’implication de la France en Syrie faisant suite aux attentats du 13 novembre, en qualifiant ses frappes de «représailles tardives».
«Ce lourd bombardement leur sert juste à dissiper la colère auprès de l’opinion publique française, pas pour combattre le terrorisme. Si vous voulez lutter contre le terrorisme, vous n’attendez pas qu’arrive une fusillade. La lutte contre le terrorisme doit être un principe».
La Russie, au contraire, se bat pour un principe, un principe qui vise à protéger ses frontières. «La Russie est en Syrie aujourd’hui, elle protège l’Europe directement», a conclu Bachar el-Assad.