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Amazon lance ses satellites Kuiper pour offrir internet depuis l’espace et concurrencer SpaceX

Amazon a lancé 27 satellites dans le cadre de son projet Kuiper, une constellation spatiale destinée à fournir de l’internet haut débit partout dans le monde. Ce lancement marque l’entrée du géant américain dans la bataille de l’internet spatial, face à la domination actuelle de Starlink, le réseau d’Elon Musk déjà largement déployé.

Le lundi 28 avril à 19h (heure locale), une fusée Atlas V de la United Launch Alliance a décollé de la base de Cap Canaveral en Floride avec à son bord 27 satellites de la constellation Kuiper d’Amazon. Il s’agit du premier lancement opérationnel de ce projet ambitieux destiné à offrir un accès internet à haut débit depuis l’espace. Selon Reuters, ce lancement marque le début du déploiement de plus de 3 200 satellites que l’entreprise de Jeff Bezos souhaite mettre en orbite d’ici 2029.

Amazon entend ainsi concurrencer Starlink, le service déjà bien implanté d’Elon Musk. À ce jour, SpaceX a envoyé plus de 8 000 satellites en orbite basse et revendique plus de cinq millions d’abonnés dans 125 pays. La domination de SpaceX dans ce domaine repose en grande partie sur sa capacité à lancer rapidement ses satellites grâce à la fusée réutilisable Falcon 9.

Le projet Kuiper, révélé en 2019, représente un investissement de 10 milliards de dollars. Cette constellation de satellites vise à connecter les zones rurales mal desservies, les entreprises, les gouvernements, mais aussi à renforcer les services cloud d’Amazon via son infrastructure AWS.

Des objectifs techniques ambitieux sous contrainte de temps

D’après The New York Times, Amazon prévoit d’atteindre les premières connexions clients dès la fin de l’année 2025, à condition d’avoir mis en service au moins 578 satellites. Toutefois, la société est sous pression pour respecter l’échéance fixée par la Commission fédérale des communications des États-Unis, qui impose à Amazon d’avoir déployé la moitié de sa constellation, soit 1 618 satellites, d’ici juillet 2026. Un retard supplémentaire pourrait forcer l’entreprise à demander un délai, comme l’indique CNN.

Le lancement du 28 avril fait suite à deux satellites prototypes testés en 2023. Ceux-ci ont été désorbités en 2024 après des essais jugés concluants par l’entreprise. La version actuelle des satellites, plus performante, devrait permettre un fonctionnement stable en orbite terrestre basse, à environ 450 kilomètres d’altitude, comme précisé par CNN.

La stratégie repose sur plus de 80 lancements, via les fusées de Blue Origin (également fondée par Bezos), d’Arianespace, et même de SpaceX. Selon The New York Times, ce recours à un concurrent direct a suscité des critiques, notamment de la part d’investisseurs.

Une bataille commerciale et stratégique contre Starlink

Au-delà de l’enjeu commercial, Kuiper s’inscrit dans une dynamique de plus en plus militarisée de l’espace. Jeff Bezos a reconnu que les satellites du projet auront « sans aucun doute des utilisations militaires ». À l’image de Starlink, déjà utilisé sur le terrain en soutien aux forces ukrainiennes, Kuiper pourrait à son tour être intégré aux infrastructures stratégiques de l’OTAN, selon CNN.

Amazon a aussi dévoilé ses terminaux clients Kuiper, notamment une antenne compacte comparable à un disque vinyle, et un modèle plus petit inspiré de son lecteur Kindle. Chaque unité devrait coûter moins de 400 dollars.

Comme l’a rappelé Rajeev Badyal, vice-président du projet Kuiper, « ce n’est que le début de notre voyage ». Kuiper devra désormais prouver qu’il peut rivaliser à la fois en technologie, en rapidité de déploiement et en prix, dans un marché déjà saturé par des acteurs puissants comme SpaceX.