Le 24 avril, en réaction aux sanctions diplomatiques imposées par l’Inde après une attaque sanglante contre des civils à Pahalgam, le Pakistan a annoncé à son tour une série de décisions radicales. Islamabad a fermé son espace aérien à tous les vols indiens, suspendu l’ensemble du commerce avec New Delhi − y compris les transits via des pays tiers − et annulé tous les visas délivrés à des citoyens indiens.
Le gouvernement pakistanais a également expulsé les conseillers militaires indiens présents à Islamabad. Ces mesures ont été décidées à l’issue d’une réunion du Comité de sécurité nationale, convoqué en urgence, comme l’a précisé le ministre des Affaires étrangères Ishaq Dar. Le Premier ministre Shehbaz Sharif a averti que « toute tentative de bloquer ou détourner les eaux destinées au Pakistan sera considérée comme un acte de guerre ».
Dans plusieurs grandes villes pakistanaises, des manifestations ont appuyé cette position. À Lahore, plus de 700 personnes ont exprimé leur colère contre les mesures prises par l'Inde. À Muzaffarabad, dans le Cachemire pakistanais, des slogans appelant à la guerre se sont fait entendre. « Nous sommes prêts à mourir pour le Pakistan », a déclaré un responsable du PPP (Parti du peuple pakistanais).
Retour sur l’attaque de Pahalgam et la réponse de l'Inde
Le 22 avril, une attaque armée a visé des touristes dans la vallée de Pahalgam, au Cachemire indien. 26 personnes ont été tuées, soit 25 Indiens et un ressortissant népalais. Le groupe armé The Resistance Front a revendiqué l’attentat, sans preuves. Deux des trois suspects identifiés par la police indienne seraient des Pakistanais, mais New Delhi n’a fourni aucun élément vérifiable. Selon CNN, des témoins affirment que les assaillants ont accusé les familles de soutenir Narendra Modi avant d’ouvrir le feu. Le Premier ministre indien Narendra Modi a vivement réagi ce 24 avril: « Nous les poursuivrons jusqu’aux confins de la Terre » .
En réaction, l’Inde a décidé de frapper fort. Le traité de 1960 sur le partage des eaux de l’Indus a été suspendu. Le poste frontalier d’Attari-Wagah a été fermé. Tous les visas pakistanais ont été annulés, y compris ceux qui ont été délivrés pour raisons médicales. Les conseillers militaires pakistanais à New Delhi ont été déclarés persona non grata, tandis que les diplomates indiens ont été rappelés, comme l’a confirmé le ministre indien des Affaires étrangères Vikram Misri.
Une escalade redoutée par toute la région
Les tensions entre les deux pays, dont les relations étaient déjà fragiles depuis la révocation du statut spécial du Cachemire par New Delhi en 2019, connaissent un nouveau regain. La suspension du traité de l’Indus, en vigueur depuis 1960, est une première historique. L’Inde considère cette suspension comme une réponse légitime à des actes de « terrorisme transfrontalier » mais pour Islamabad elle constitue une provocation directe.
L’attaque de Pahalgam marque un tournant car elle visait des civils, et non des forces de sécurité. Cela brise un « accord tacite » selon lequel les groupes armés évitaient de s’en prendre au tourisme, vital pour l’économie locale, selon le spécialiste Ajai Sahni, cité par France 24. De nombreux analystes évoquent un possible recours à l’action militaire. Le Pakistan, de son côté, promet de « répondre par la pleine force de sa puissance nationale ».